Bon pour ton poil

Certains d’entre vous se demandent peut-être à quoi ça ressemble de défendre vaillamment sa patrie quand on est en cours de répète de la terrifiante armée suisse. Voilà donc un compte rendu d’une de mes journées, qui créera peut-être quelques vocations. (ça fait donc 3 posts de suite sur ma vie, dans le prochain je pose à poil (ou pas))

0600: les premières mesures de Juicebox retentissent dans la nuit noire et obscure. Je n’hésite que très peu avant de choisir ma tenue, un pantalon d’uniforme assorti à une veste d’uniforme. Je m’habille à tâtons, ne m’éclairant qu’à la pâle lueur évanescente d’un téléphone portable. Mon ami Aaron Abradovsky se demande un peu pourquoi je lui envoie des sms vides tous les matins. Soucieux du sommeil de mes congénères, je ne jure que très peu quand mon pied et celui du lit se rencontrent, de même que quand 14 cintres décident de se suicider collectivement.

0603: me voilà vêtu et prêt à affronter une nouvelle journée pleine d’aventures. Qui sait quelles fascinantes péripéties m’attendent aujourd’hui?

0608: Un homme un peu vif me signale gentiment que j’ai oublié de fermer quelques-unes de mes 143 fermetures à glissière et que je n’arbore pas la casquette obligatoir lors de n’importe quel déplacement de plus de 27 mètres sauf déplacements rotatifs. Il s’agit d’un gradé, un être très sensible, qui n’aime pas les bouleversements de son quotidien. Ca me fait un peu penser à l’époque où je rêvais de travailler avec des enfants autistes.

0612: j’avale un copieux petit déjeuner: pain frais (enfin, il a forcément été frais un jour), charcuterie d’origine manifestement animale, eau brune.

0630: je prends mon premier tour de garde de la journée.

0634: une voiture entre. Je lui ouvre la barrière.

0637: une voiture sort. Je lui ouvre la barrière.

0642: je commence à méditer sur l’importance de mon engagement pour la survie de la Suisse en tant qu’état souverain neutre, indépendant et hornussier. Je dois malheureusment m’interrompre pour laisser passer une voiture.

0723: Je m’ennuie quand même un peu. Le général Guisan ne serait pas fier de moi.

0830: fin de mon tour d garde. Café.

1030: début de mon tour de garde. Barrière.

1112: J’ai déjà lu tous les journaux francophones. J’attaque le cahier sport du Blick.

1217: je m’ennuie tellement que j’envisage sérieusement de commencer un sudoku.

1230: manger. Café.

1315: café

1430: Barrière.

1630: Café.

1647: J’ai lu tous les journaux en français, en allemand et en braille, y comppris l’impressum et la bourse. Je les relis, mais à l’envers.

1701: Je me demande si la patrie est fière de ses vaillants soldats.

1727: Manger.

1742: café.

1800: barrière.

1903: Café.

1927: douche

1942: bière

2012: bière

2102: je vais me coucher. Ah non, Chompard paie sa tournée. Bière.

2114: bière.

2154: J’ai le chentiment de bien chervir mon pays, surtout son industrie houblonnière.

2201: bière

2345: on dort quand même supermal dans ces casernes.

2352: les murs tremblent. Ah non, tiens, c’est Muller qui ronfle.

0257: je suis de garde de nuit. Pour une raison qui m’échappe, mes camarades n’apprécient que moyennement la sonnerie de mon réveil, pourtant c’est les Arctic Monkeys, c’est très bien, très vif.

This entry was posted on Tuesday, October 2nd, 2007 at 14:20 and is filed under je ne sais vraiment pas où foutre ce billet. You can follow any responses to this entry through the RSS 2.0 feed. Both comments and pings are currently closed.