Croire

– Je sais ! J’ai trouvé ! Yves Duteil, m’exclamai-je avec excitation.
– Hrm, répondit Gunda, ma community manager imaginaire, avec flegme.
– C’est un chanteur mort, les gens l’aiment bien, la profession va probablement lui rendre hommage prochainement, ce n’est qu’une question de secondes. Quand elle le fera, je pourrai m’exclamer VOUS L’AVEZ LU ICI EN PREMIER, et tout le monde dansera la ronde de l’amitié, poursuivis-je avec parcimonie.
– Vas-y, fais-ce que tu veux, moi je m’en fous, sourit Gunda, avec saucisson à l’ail.
– Ma chanson préférée d’Yves Duteil : Antisocial, asséné-je avec lien YouTube.
– Hein ? Oh et puis après tout, fais ce que tu veux, moi je m’en fous, tintinnabula Gunda avec le temps va tout s’en va.

**

Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale,

Oui, mais c’est parce que j’en voudrais une vachement bien, avec des genre de statues et des trucs qui clignotent, enfin, un truc un peu prestigieux, au cas où je deviendrais hyper connu après ma mort comme Van Gogh et l’autre. Mais du coup, comme je bosse, je n’ai pas le temps de me consacrer à la peinture et au désoreillage, alors je ne vois pas trop pour quoi je deviendrai hyper connu, peut-être pour une recette de pâtes ?, je ne sais pas.

Tu masques ton visage en lisant ton journal,

J’étais en train de lire les cours de la bourse, à cause de cette histoire de richesse, je voudrais pas trop que ça s’ébruite.

Tu marches tel un robot dans les couloirs du metro,

Oui ben je voudrais t’y voir, aussi, le visage masqué, en train de lire le journal, dans le métro, c’est pas comme ça qu’on a une démarche chaloupée non plus.
En plus, je me disais, faire le robot dans les couloirs du métro, ce serait pas un super moyen d’arrondir mes fins de pierre tombale ?
Je vais y penser.

Les gens ne te touchent pas faut faire le premier pas,

Dans le métro, masqué, je lis le journal et je fais le con avec ma démarche de robot et personne ne me touche ?
On parle bien du métro, le moyen de transport, pas du Métro, le bar à Moudon ?

Tu voudrais dialoguer sans renvoyer la balle,

Oui, tant qu’à faire. J’ai jamais été très doué pour les jeu de raquettes, alors si on pouvait causer autour d’une bière plutôt que d’une table de ping-pong…

Impossible d’avancer sans ton gilet pare-balle.

Bravo pour cette rime, il fallait la trouver !
Mais je digresse.
Oui, donc je suis mauvais au ping-pong, mais pas à ce point, non plus.

Tu voudrais donner des yeux a la justice
Impossible de violer cette femme pleine de vices.

Ah ben oui, vas-y, maintenant, pour dire un truc drôle et pertinent alors que tu parles de viol, “c’est pas ma faute, monsieur le juge, elle avait des yeux, elle l’a quand même bien cherché !”. C’est malin.

Antisocial, tu perds ton sang froid.

Non, je suis parfaitement calme, c’est juste que c’est difficile d’enchaîner.

Repense a toutes ces annees de service.

Ah oui, un bon souvenir d’armée, ça détend toujours l’atmosphère, pas bête !

Antisocial, bientôt des annees de sévices,

Oui, c’est vrai, ce sont pas des souvenirs, parlons d’autre chose.

Enfin le temps perdu qu’on ne rattrape plus.

C’est bien vrai, le temps file, ma bonne dame. Mais c’est pas une raison pour faire des phrases où il manque des.

Ecraser des gens est devenu ton passe-temps.

Oui, mais bon, je fais pas mal de kilomètres, parce que j’en avais marre du métro. Alors au bout d’un moment, ça détend. Et puis je crois que s’ils n’ont pas d’yeux, ça compte pas.

En les éclaboussant, tu deviens gênant.

Ah, non ! Ecraser les gens bon, ok, de temps en temps, pour déconner, je veux bien. Mais les asperger, non. Un peu de respect.

Dans ton désespoir, il reste un peu d’espoir

Pardon, je sais bien que le temps perdu qu’on ne rattrape plus, mais tu serais pas en train de bâcler un peu tes paroles, là ?

Celui de voir les gens sans fard et moins batards.

Ah, oui, d’accord, j’avais compris phares ! Je trouvais ça logique.

Mais cesse de faire le point, serre plutot les poings,

Héhé pas mal la blague ! Elle tombe… à point !

Bouge de ta retraite, ta conduite est trop parfaite

Je te rappelle que j’écrase des gens. En les éclaboussant, en plus. Sans phares. Pardon, mais s’il y avait un permis à point pour les couloirs du métro, je n’aurais déjà plus de points.

Relève la gueule, je suis là, t’es pas seul

Ah oui tiens, salut, je t’avais pas vu ! Ca va ?

Ceux qui hier t’enviaient, aujourd’hui te jugeraient.

Bah, tu m’étonnes, je suis là à errer dans le métro et à faire n’importe quoi, les gens ne comprennent pas ça.

Antisocial, tu perds ton sang froid.
Repense a toutes ces annees de service.
Antisocial, bientot des annees de sevices,
Enfin le temps perdu qu’on ne rattrape plus. Qu’on ne ratrappe plus.
Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale,
Tu masques ton visage en lisant ton journal,
Tu marches tel un robot dans les couloirs du metro,
Les gens ne te touchent pas,
Tu voudrais dialoguer sans renvoyer la balle,
Impossible d’avancer sans ton gilet pare-balle.
Tu voudrais donner des yeux a la justice
Impossible de violer cette femme pleine de vices.
Antisocial, tu perds ton sang froid.
Repense a toutes ces annees de service.
Antisocial, bientot des annees de sevices,
Enfin le temps perdu qu’on ne rattrape plus,
qu’on ne rattrape plus, qu’on ne rattrape plus, qu’on ne rattrape plus.

Non mais ok, ça m’agace un peu, ils pourraient faire un effort, quand même.

Antisocial, antisocial, antisocial, antisocial, antisocial, antisocial, antisocial, antisocial, antisocial, antisocial, antisocial, antisocial!!!

Tu te répètes pas un peu, quand même ?
Non mais ok, tu vas me dire que je suis un peu normalisant mais quand même, tu te répètes pas un peu ? Tu te répètes pas un peu ? Tu te répètes pas un peu ?
Ah ben tu vois, toi aussi, au bout d’un moment, tu perds ton sang froid.

Au final, c’est une très belle chanson, porteuse d’espoir, l’espoir de ne pas avoir de désespoir : il paraîtrait qu’à certaines heures, il y a suffisamment de place dans le métro pour faire le robot avec un masque en journal.

3 Responses to “Croire”

  1. TT02 says:

    Je ne voudrais pas encore parler de bouffe mais sang froid, c’est beurk. C’est comme manger du boudin pas cuit.

  2. nanakilouche says:

    100% des robots du métro sont victimes de harcèlements quotidiens. Alors s’il vous plaît. Ps j’adore quand tu es tant en phase avec le téléphone sonne de France Inter. Ça n’arrive pas assez souvent. Mais ce n’est pas cette cruche de Gunda qui pourra t’aider là dessus…

  3. Isabelle says:

    Tiens, tu vas pouvoir faire karaoké :
    https://www.youtube.com/watch?v=4C-wovJgK8s

    Merci qui ?