Björn Borg de Noël

Il était une fois une petite langouste qui s’appelait Omar.
Omar vivait avec quelques congénères dans le vivier d’un grand restaurant. Il l’ignorait totalement. Comme il était peu aventureux, il n’avait jamais vraiment réalisé que ce qu’il appelait l’océan mesurait en réalité moins d’1 mètres carré. Et comme il était myope et, pour tout dire, pas hyper malin, même selon des critères langoustins, il ne se rendait pas plus compte que ses congénères n’étaient jamais les mêmes d’un jour à l’autre.
Omar était le plus vieux du vivier. En effet, il avait pris pour habitude de se tailler les antennes très fin pour ne pas avoir l’air d’un hippie, car il venait d’une famille très à hippocampe sur les principes. Du coup, il avait l’air moins appétissant et ne se faisait jamais manger. Au début, ses camarades venaient le consulter mais très vite, ils déchantaient :

– Bonjour, monsieur. »
– Hé mais c’est ce vieux Pacôme ! Quoi de neuf ? »
– Non mais je suis nouveau ici, monsieur. J’ai été péché ce matin. »
– Où vas-tu pécher de telles idées ! LOL »
– Bon, je vais vous laisser… »
– Non mais c’est drôle parce que pécher, pécher, tu vois ? »
– Non. »
– Tu fais un peu la gueule, Pacôme, que t’arrive-t-il ? »
– Je vais me faire bouffer et je vais passer mes dernières heures avec un demeuré, y a pas de quoi danser la gigue non plus ! »
– LOL sacré blagueur ! »

Et ce genre de conversations recommençait encore et encore. Jusqu’à la douce et belle nuit de Noël quand, la magie des Fêtes aidant, on vint chercher Omar pour lui faire passer un sale quart d’heure à l’armoricaine.
Des mains le saisirent, il réalisa furtivement son rêve, voler, on lui donna un bon bain chaud. Un peu trop chaud à son goût. Il sortit donc pour se plaindre mais, comme il était myope et pas très malin, il tomba hors de sa casserole et se perdit dans les méandres de la cuisine.
Arrivé dans la rue, il demanda son chemin à un quidam.
– Oh putain, une crevette qui parle ! »
– Mais enfin, je ne suis pas une crevette, je suis une langouste. »
– Hé bien, toutes les langoustes sont dans la nature ! »
– Quoi ?»
– Non, rien. »
– Je crois que je suis perdu ! »
– C’est bien triste, ce soir c’est Noël, viens donc à la maison ! »
– Je ne sais pas trop ce que c’est Noël, mais ok, si je ne dérange pas ! »
– Mais non, pas du tout, au contraire ! »

Et Omar passa une belle soirée, entouré de rires d’enfants, de joie et d’une sauce mayonnaise.

13 Responses to “Björn Borg de Noël”

  1. mané says:

    les conversations d’aquarium sont identiques aux conversations de café.
    ce post est un régal

  2. Monsieur Prudhomme says:

    On le dit peu mais les langoustes sont assez prudes. Ainsi Pacôme confiait récemment à Églantine : “Je n’accepte de bise que de Omar”.

  3. Droufn says:

    bon p’tit moment de lecture, merci ;)

  4. M.Shadok says:

    Homard m’a tuer… arghhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh

  5. TT02 says:

    Ca me donne envie de cliquer sur des étoiles tiens !

  6. PascalR says:

    De mon temps les flocons de neige du blog tombaient blancs et non rouges! Je ne vous dis pas merci monsieur!

  7. M.Shadok says:

    Mais… rouge, c’est tellement plus Poe-éthique !
    (merci à Edgard pour sa collaboration)

  8. Leïleï says:

    <3 <3 <3

  9. zibear says:

    Bon alors d’habitude je lis (assidument), je ris (abondamment), mais je ne commente guère… mais là je dois en avoir le c½ur net: Björn Borg, il cache bien un Henri?
    Poutous et bon an!

  10. J’espère au moins que la mayonnaise était “faite maison” et non industrielle…

  11. Nekkonezumi says:

    J’arrive après la bataille pour les compliments (mais c’est parce que je préfère faire Pacôme tout le monde)

  12. fonji says:

    Huhuhu être très à hippocampe, tout ça.