Lavé avec Mylène

Mylène Farmer est une chanteuse mystérieuse, évanescente et rousse dont vous avez probablement entendu le dernier single, appelle mon numéro. Peut-être vous dites vous ahaha mais elle est nulle, on dit appelle-moi, pas appelle mon numéro ! En fait, cette chanson, audacieuse et subtile, ne parle pas de téléphone, mais évoque le tragique et cruel destin de quelqu’un qui attend à la Poste. Et qui a pris un ticket. (le clip ici)

Qui entre dans l’histoire

C’est donc pas entrer dans l’Histoire au sens Obamien du terme, c’est entrer dans l’histoire, parce que à certaines heures, aller à la Poste, c’est toute une histoire tellement y a plusieurs gens.

Entre dans le noir

En plus c’est mal éclairé.

Histoire d’y voir
Mon plus beau geste

On le sait trop peu, mais Mylène Farmer a des origines sudistes. Quand elle dit qu’aller à la Poste est son plus beau geste, c’est bien sûr une légère exagération.

J’ai un pillow du soir

Dans un souci remarquable, bien que peut-être maladroit, de s’adresser à la jeune génération, Mylène décide d’user de l’anglais. Un pillow du soir, c’est donc un oreiller.

Un pillow de star

Mais pas n’importe quel oreiller de pouf, non, bien, un oreiller classe. Ok, te dis-tu, mais pourquoi elle nous cause de ça ? Et bien parce que quand elle va à la Poste, elle prend son oreiller avec. Au cas où ça dure.

Sans pillow je n’ai
Plus l’envie d’être

De nouveau cette très légère tendance à l’exagération.

Qui entre dans l’histoire
Cache derrière un fard, noir
La peur des regards
Qui glissent et blessent

Ça se passe dans une petite ville, je sais pas si vous connaissez l’ambiance mais y a pas mal de ragots qui circulent, surtout quand on est une rousse mystérieuse et qu’on chante des chansons à moitié à poil sur TF1 et la Poste reste un lieu de rencontre et d’échange, donc forcément, quand on va à la Poste et qu’on est la mystérieuse susmentionnée, on a un peu peur des regards.

J’ai un pillow en plumes

Mais quand on se balade avec son oreiller, forcément, faut pas s’étonner non plus

En forme de lune
En forme de dune

Hop, tu le tournes comme ça, on dirait un peu une lune, enfin un croissant de lune et
Hop, tu le tournes comme ça, on dirait une dune.
C’est magique.

Refais le geste

Hop, hop, magique.

Qui entre dans l’histoire
Entre dans le noir

Ils ont toujours pas remis l’électricité.

Velours d’un boudoir

Alors oui avec un peu d’imagination, cette ambiance tamisée et légèrement veloutée, ça peut ressembler à un boudoir. Pas l’endroit où on boude parce que les gens disent du mal, hein, non, l’endroit où on fait de la philosophie et tout.

Et pour le reste…

J’ai un pillow duvet

Un truc qui fait oreiller et duvet à la fois. C’est un concept génial, ça vient d’Asie, je crois, c’est très moderne. Et pratique s’il fait froid à la Poste.

Sans pilosité

Non mais c’est utile de le préciser parce que y a un modèle, le pillow-duvet angora, certains aiment bien, mais faut supporter les longs poils, c’est une question de goût.

Sans pillow je n’ai
Plus rien à mettre

Ça fait duvet, oreiller et pyjama. Non là vous voyez pas bien l’idée mais ça va faire fureur dans pas longtemps.

Allégorie, viens là

Alors si elle parle tellement de cet oreiller, c’est parce que c’est un peu une image allégorique pour le confort, le bien-être, alors elle se dit, allégorie, viens là.

Délit de l’émoi

Parce que là, elle est un peu énervée, mais elle se sent coupable.

Mon au-delà, c’est l’i…

…vresse du geste

Ils viennent d’appeler le 43, elle avance d’une place dans la file, un geste qui l’entraîne vers l’au-delà, ça la rend trop folle de joie.

À la folie j’ai « l’a…llo »
Qui me dit : au lit, là !

Soudain, son mari, Frances Farmer, lui téléphone et lui dit “Non mais ça fait six heures que tu es à la Poste, viens plutôt te coucher”. Ça la rend folle de rage, il se rend pas compte toutes les dures épreuves qu’elle et son oreiller ont dû traverser.

L’embellie c’est l’o…
Reiller, de rêve

Heureusement, elle a son super oreiller, ça met du baume sur son malheur.

Appelle mon numéro
J’humeur à zéro

Mais vraiment, elle aimerait bien que le guichetier appelle le 642, elle devient un peu dépitée.

Appelle mon numéro
J’ai le sang si chaud

Elle commence à avoir l’impression d’être malade en plus.

Appelle mon numéro
Viens dans mon sillage

Ça c’est une erreur classique quand on n’a pas trop l’habitude de la Poste, elle croit que c’est le guichetier qui va se déplacer vers elle pour venir chercher sa lettre, qui n’est…

Ni trop sage
Ni collage
Juste ce qu’il me faut

pas une lettre très sage, elle dit plusieurs gros mots, mais pas un collage non plus.

Appelle mon numéro
Compose ma vie

Toujours ce petit problème d’exagération.

Appelle mon numéro
Fais-moi l’hallali

Parce que si elle est appelée, elle va pouvoir crier victoire (c’est un joli prénom).

Appelle mon numéro
Donne-moi le « la »
Lalalala
Lalalala
Appelle-moi

Sauf si elle pète définitivement les plombs.

En résumé, on peut dire que c’est une chanson engagée, qui dénonce le trop-plein des offices de Poste, mais une chanson d’espoir, parce que dans la vie, on a toujours le choix de se battre et d’amener son oreiller.

(et un groupe facebook de soutien à Mylène (et qui m’a un peu inspiré l’idée de ce post) ici)

39 Responses to “Lavé avec Mylène”

  1. Brume says:

    Parfois je me dis que la vilaine fermière écrit ses chansons avec un generateur aléatoire de paroles.

  2. ophise says:

    La vache, je n’aurai imaginé que La Poste en Suisse était un truc aussi inimaginable…

  3. trop mignon says:

    Allez Gorie rentre chez toi

  4. Damien says:

    Frances Farmer est un homme? Nirvana m’aurait menti ?

  5. Alinéa says:

    Je pense que cette femme consomme des choses illicites. Probablement des oreillers crus au petit déjeuner.

  6. Alexandra says:

    Eh bien tu disais ne pas vouloir tenter le décryptage farmerien mais maintenant grâce à cette note je comprends mieux cette chanson. Merci.

  7. arpenteur says:

    Je vous invite tous à rejoindre nos néanmoins voisins hexagonaux pour faire une grève jeudi, en faveur de la suppression des queues… à la poste…
    C’est horrible de la voir souffrir ainsi
    J’ai du me cacher dans mon coussin pour verser des larmes de sang, et de Pinot noir 2005

  8. NUT says:

    ça c’est du tag pour attirer des foules!

  9. raph says:

    Ophise: Je n’aurais jamais imaginé que Mylène Farmer était suisse.

  10. Aurélia says:

    Moi j’ai la classe, coco. Je ne vais plus jamais au guichet, car je préfère peser et envoyer mes lettres avec la machine automatique. (Parce qu’à ma poste, si j’avais du faire la queue pour t’envoyer ta carte de Bonne Année, ben t’attendrais encore, crois-moi)(en plus bizarrement ce sont juste des vieux qui attendent, alors on dirait qu’ils sont là depuis des années et qu’on les a oubliés)(ça fait très peur).

  11. Cerise says:

    C’est ta vraie photo sur Facetruc ?

  12. raph says:

    Ça dépend de laquelle tu parles.

  13. Olivier says:

    Je trouve ce post très hallali.

  14. Nandou Guanaco says:

    Si comme tout le monde elle avait un oreiller anti allergique donc pas à plume ni à poil d’ ailleurs, eh ben, elle n’ aurait pas eu besoin de nous vriller les tympans à nous rappeler que moins on va à la poste et moins on attrape de rhume au cerveau. Sinon elle n’ a fait que respecter la consigne syndicale “sortez couvert”. Sauf qu’ elle l’ a mal interprétée, comme sa chanson d’ ailleurs.

    C’ est vrai Raph, y a ta photo sur Facemachin? Je ne l’ ai pas trouvée.

  15. Nandou Guanaco says:

    Ah ça y est je l’ ai trouvée QUOIIIIIIIIIII!!!!!!!!!! T’ es ami avec Baptiste Charden!!!!!!!!!!! Le fils des deux duettistes et de leurs vaches rouges blanches et noires de Normandie??????????? Et l’ aventourrrra? Désolée, je ne te parle plus.

  16. raph says:

    Ah tu avais super bien cherché la première fois dis donc.

    Tu juges les gens à leurs parents, toi ? Enfin, à la carrière de leurs parents ?

  17. Nandou Guanaco says:

    Tu sais l’ enfant descend de ses parents comme le singe descend de l’ arbre.
    Mais bon, s’ il sait remonter la pente il s’ en sortira.

    Nous avons eu des couples mythiques fort mal assortis et ceux là tout particulièrement. Mais on a vu pire!
    Non je n’ ai pas d’ autre nom à citer.

    Et zut, je ne voulais plus te parler!!!!

  18. djib says:

    Je ne comprends pas ce post.

  19. raph says:

    Myblack, je t’en prie, je t’en supplie, reprends-la !

  20. Lorenzo says:

    @raph : hahaha!

  21. Mr Jo says:

    “Analyste musical” c est un vrai metier? ;)

  22. raph says:

    Pas pour le moment, mais je suis ouvert à toutes propositions…

  23. Laure says:

    Sans déconner, ce sont de vraies paroles d’une chanson réelle dont des gens achètent des CD et tout? Non mais au secours… Mais au moins, ça donne lieu à un billet rigolo (pléonasme) de toi donc bon.

  24. Philippe M. says:

    Je recherche un remède contre ma calvitie, et boum je tombe sur une idée originale pour ne pas m’arracher les cheveux qui me restent en attendant de pouvoir envoyer mon colis de Noël 2009 à Mémé (je vais à la Poste demain, entre l’attente et le délai d’acheminement ça devrait arriver à temps, bon).

    Saisissant la fortuité de l’occasion je clique inconsidérément sur le lien vers le clip de Mymy. La première fois depuis très longtemps que je me penche sur son ½uvre. Et là stupeur, effroi, commotion : elle sourit. Je n’avais jamais vu Mymy sourire. Comment cela est-il possible ? et puis j’ai trouvé l’explication. Ils l’ont trop tirée, son cou est lisse mais ses lèvres ne ferment plus. Sa coiffure un peu lizaminellique avec les mèches qui descendent sur les joues montre tout ce qu’elle a à cacher. Elle aussi subit les ravages du temps.

    J’ai décidé de ne pas me faire tirer. D’abord je tiens à pouvoir fermer ma bouche parce que sinon je dis que des bêtises, et ensuite je n’ai plus, moi, de cheveux à faire descendre le long de mon visage. Ce qui me ramène à ma recherche première.

    Je tenais à partager ça avec vous.

  25. M.Shadock says:

    « La petite Allégorie attend ses parents à l’entrée du blog… »

  26. bennie says:

    mi-laine ni-plume… c’est du lourd pour la poste ça, un vrai lieu de créativité.

  27. Sébi says:

    Et quand elles marchent plus, il faut ramener les pillow magasin.

  28. M.Shadock says:

    lol

  29. Nitt says:

    On n’imagine pas tout ce qu’elle endure la Mylène, au quotidien…
    Je la plains bien tiens.
    Et au fait, ton titre, magnifique.

  30. juty says:

    Elle nous fait chier.
    Voilà c’est dit

  31. dragibus says:

    “poum poum pillow” aurait pu chanter Marylin Monroe
    l’autre Marylin les mange, les pillow, les bleues, les vertes, toutes tellement il est déglingué

  32. rahan says:

    C’est marrant de voir l’effet que font tes posts à Olivier. C’est un peu comme lire le mot du jour :)

  33. M.Shadock says:

    Tiens, oui. J’avais même pas vu kiyavait un titre et que je l’ai comprendu ! J’en suis tout touneboulifricotté !

  34. Nekkonezumi says:

    Ce commentaire de texte est comme d’habitude brillantissime (lèche lèche lèche…)
    Une donnée qui peut, si j’ose dire, tout éclairer: Mylène habite le Sud Ouest de la France, a subi les outrages du temps, euh, de la tempête. L’EDF n’a toujours pas rétabli le courant, elle reste sous la couette pour ne pas s’enrhumer car elle se promène souvent toute nue, donc elle aime son pillow, et le téléphone est lui aussi toujours coupé.
    Quand au “la”, elle ne sait pas ce que c’est: elle se sert toujours de l’auto-tune pour faire de la thune.
    Lalali…lalalère

  35. filou66 says:

    “Alors oui avec un peu d’imagination, cette ambiance tamisée et légèrement veloutée, ça peut ressembler à un boudoir. Pas l’endroit où on boude parce que les gens disent du mal, hein, non, l’endroit où on fait de la philosophie et tout.”

    c’est du vrai sm, la queue a la poste (meme avec le nez dans le pillow).

    comment peut on faire des concours de chatons et citer le marquis en douce…

  36. raph says:

    Quel marquis ?

  37. filou66 says:

    la philosophie dans le boudoir

  38. rahan says:

    C’est pas un marquis ça, c’est une pratique sexuelle désuette.

  39. filou66 says:

    je suis rassuré alors. si c’est desuet…