Parce qu’on est jeunes

Le rap, c’est dangereux. C’est l’UMP qui l’a dit, même si bon, des tas de gens l’avaient dit avant. A force d’écouter du rap, on brûle des voitures, on mange des bébés, on vote communiste, on porte des baskets de marque très chère et on a un skyblog.

On ne sait pas trop pourquoi les rappeurs font ça, sans doute par goût de la déconne. Une chose est sûre, si aujourd’hui, dans le métro, les jeunes ne se lèvent plus pour laisser leur place aux personnes âgées et les petits lapins se font coincer les doigts très fort, c’est à cause des rappeurs. Aux sept incriminés par l’UMP, on peut ajouter Eminem, MC Solaar, mais surtout celui par qui tout a commencé: Benny B.

Dans les années 90, les jeunes étaient déjà des gens peu recommandables, certes, mais ils étaient beaucoup moins dangereux que les jeunes d’aujourd’hui. Car ils écoutaient du metal, une musique qui encourage les gens à épouser des arbres et à leur offrir des perles de pluie. Quand soudain, un beau jour, ou peut-être une nuit, surgit Benny B, le premier groupe de rap du monde
(du moins du monde de ceux dont, en cette époque où skyrock passait du rock, la principale source de nouvelles découvertes musicales, c’était La Classe et son invité de fin d’émission) (c’était une époque joyeuse où El Chato et Bézu brillaient au firmament des stars, alors que Lagaf incarnait le summum de l’humour littéraire et un brin décalé).

Il est très intéressant de voir à quel point il est difficile de trouver les paroles des chansons de Benny B sur le net: c’est sans doute dû à un complot organisé pour l’empêcher de pousser les jeunes à peindre des graffitis sur les murs en dansant du breakdance comme des sauvages avec leur casquette à l’envers. On peut toutefois retrouver son chef d’oeuvre, “Mais vous êtes fou

A force d’assiduité, on apprend également qu’il a suivi les traces d’un autre dangereux fomenteur de troubles, Antoine. Il vit aujourd’hui sur une plage idyllique, porte des lunettes et chante toujours, même si dans un étrange langage. Ca se passe ici.

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