le blougou à propulsion inversée

Jean-Roger déplia son journal. Il sauta rapidement sur le compte-rendu de l’assemblée du choeur mixte de Rebeuvelier, jeta un coup d’oeil distrait à son horoscope qui lui annonçait que Mercure lui apporterait félicité, opprobre, un café et l’addition et parcourut le chemin qui le séparait de la rubrique sportive, quand soudain son regard fut attiré par une offre d’emploi:

“Vous accompagnerez un groupe d’aventurier partant pour sauver le monde, libérer la princesse, retrouver un trésor, machin tout ça.
Vous assurerez le rôle de boute-en-train du groupe, afin que le public puisse s’identifier la moindre, parce que bon, tous ces héros qui pourfendent des gobelins, c’est pas fédérateur.
Vous êtes maladroit, froussard mais plein de bonté. De plus, votre apparence physique n’est pas trop à votre avantage, histoire que les jeunes filles tombent amoureuse du beau héros au regard ténébreux et pas de vous, faut pas déconner, quand même.”

Jean-Roger n’avait jamais envisagé de quitter son emploi: en dix ans de service, il avait acquis un talent certain dans la confection de colliers en trombones et connaissait sur le bout des doigts l’emploi de la machine à café.

Pourtant, une impulsion subite le poussa à répondre à la petite annonce.

Quelques jours plus tard alors qu’il n’y songeait plus, absorbé qu’il était à battre son record de démineur, son téléphone se mit à sonner:

“Bonjour, ici la société Truc, connaissez-vous notre nouvelle ligne de casseroles ultra-adhésives?” Il fut obligé d’admettre que pas vraiment, mais que jusque là il ne s’en portait pas trop mal.

Puis il s’installa dans son fauteuil pour regarder la rétrospective spéciale Dalida, non pas dans son fauteuil mais bel et bien dans son téléviseur, en s’accompagnant de chips au gorgonzola, quand le facteur sonna trois fois.

“Bonjour, je vous apporte une lettre”
“C’est fort aimable à vous”
“Beau temps pour la saison, n’est-ce pas?”
“Oui, j’espère qu’on aura soleil ce week-end, j’avais prévu de vidanger mes pétunias”

Il ouvrit la lettre et découvrit qu’il était convié à un entretien d’embauche, le lundi suivant à 11 heures 17.

Le lundi suivant à 11 heures 17, il se rendit à un entretien d’embauche.

“Bonjour, c’est pour l’entretien”
“Assieds-toi coco….tu sais jouer d’un instrument?”
“Ben…j’ai fait un peu d’ocariña quand j’étais petit”
“Ok coco…c’ets important la musique pour la bonne humeur dans le groupe. Tu connais des blagues cochonnes?”
“C’est un type qui croise un autre type et qui lui demande du feu…”
“Excellent coco…tu peux commencer tout de suite?”

Jean-Roger, qui n’avait pourtant jamais été d’un naturel impulsif, téléphona immédiatement à son patron et lui annonça qu’il venait de décéder dans d’atroces souffrances et que, par conséquent, il était obligé de présenter sa démission immédiate.

Le type de l’entretien regarda Jean-Roger et lui dit: “Encore un détail, coco…il faudra t’habiller en héros, pas en blaireau, c’est important pour la crédibilité de l’histoire.”

Il envoya donc Jean-Roger se faire relooker par Evelyne Thomas, qui lui donna de bon coeur un othographe. Et le relooka en guitar-heroe

Puis Jean-Roger s’en fut rejoindre ses nouveaux compères

A suivre.
Ou pas.

2 Responses to “le blougou à propulsion inversée”

  1. map says:

    ZEUGMA ! ça y est je l’ai trouvée cette divine figure… Que du bon. Ocarina ça prend pas de tilde et moi j’en prends de la graine. Ils ont foutu quoi les autres à pas noter celui-ci ?

  2. shufleur says:

    je vote des 2 mains aussi