au bal masqué

Le jeune Larsen m’a un jour suggéré de m’intéresser aux paroles de Tata Yoyo, célèbre chanson d’Annie Cordy.

Or, la jeune limande à bicyclette m’a récemment rappelé, comme ça, sans crier gare, au détour d’une conversation, l’existence du groupe Tata, consortium indien qui, sous des couverts de nom ridicule, essaie de dominer un peu le monde.

Tata Yoyo n’est donc pas, comme ont tenté de le faire croire les médias complices de la mondialisation ultralibérale, une chanson un peu ridicule. En 1980, Annie Cordy, dont l’on connaît également l’indéfectible engagement en faveur du personnel ecclésial, était une géniale précurseuse de la lutte altermondialiste et je tiens ici à lui rendre un vibrant hommage.

Tata Yoyo
Paroles et Musique: G.Gustin, J.Mareuil

{Refrain:}
Tata Yoyo qu’est-ce qu’y a sous ton grand chapeau

Le grand chapeau symbolise la volonté d’expansion cannibale du consortium. Annie aimerait savoir ce qui se cache derrière cette volonté de toujours croître, car elle sait que les magnats de la finance sont des hommes comme vous et moi, avec leurs joies, leurs peines et leurs poneys.
On notera au passage qu’Annie Cordy, dans son souci constant de donner la parole aux exclus de ce monde, a également inventé le rap.

Tata Yoyo, dans ma tête y a des tas d’oiseaux

Mais Annie, elle, elle est libre dans sa tête, comme Don Diego.

Tata Yoyo, on m’a dit qu’y a même un grelot

Des gens lui ont dit qu’elle avait un grelot dans la tête. Parce que dans ce monde dédié au culte du profit, quand tu préfères chanter plutôt que de faire de l’entreprening, les gens te croient fou.

Mais moi j’aime ça quand ça fait ding ding di gue ding
Comme une samba

Mais elle n’en a cure, elle aime sa liberté, sauf que là bon elle s’est saoulée la gueule à la caipirinha et dans sa tête, ça sonne.

J’ai mon boa

Elle décide de s’engager pour la défense des animaux,

Mon vieux chapeau
Ma robe à fleurs

contre les diktats de l’industrie de la mode,

Et mon mégot

et contre le diktat de l’industrie non-fumeuse.

Mon parasol

Par contre elle se protège du soleil, car elle a la peau sensible.

Et mes faux cils

Elle a perdu les vrais lors d’une manif’pacifiste.

Et une boussole
Sur mon nombril

Pour ne pas perdre le nord, donc.

Les Brésiliens m’ont surnommée la folle de Rio

Comment ne pas voir dans cette phrase une allusion aux accords de Rio, malgré les quolibets que cela pouvait engendrer en une période où parler écologie était encore très mal vu ?

Mais les enfants me donnent un nom plus rigolo
{au Refrain}

Car les enfants sont des gens sympas.

Depuis le temps
Que je m’trimballe
Parmi les masques
Du Carnaval

Annie, décidément de tous les combats a également décidé de s’engager contre la violence et arpente courageusement les rues de Rio pendant le carnaval pour faire de la prévention.

Ma silhouette
Mon charme fou
Ça les embête
Ils sont jaloux

Ce qui est courageux, car elle est quand même bonne, même si google images, dans sa volonté hégémonique, tente lâchement de nous le cacher.

Je les entends sur mon passage dire : Ah ! qu’elle est belle
Un gosse a dit : Papa, j’la veux pour mon Noël

Les enfants ne sont finalement pas si sympas que ça. Décidément très remontée, Annie Cordy se lance dans un plaidoyer contre l’exploitation de l’image de la femme.

{au Refrain}

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2 Responses to “au bal masqué”

  1. […] peu comme Tata Yoyo. Gilbert Montagné annonce ainsi clairement qu’il a des ambitions politiques, qu’il […]

  2. Ours Polaire says:

    Même s’il est bien tard pour commenter sur cette exploration de “Tata Yoyo”, je me sens obligée de corriger ton interprétation de cette chanson dont l’intérêt pour la société n’est plus à prouver.

    L’erreur vient de ton interprétation de la symbolique du “grand chapeau”. Il y a ici un indice assez oblique qui s’adresse aux russophones et révèle véritablement le sens profond de cette oeuvre majeure d’Annie Cordy: le plus fameux des grands chapeaux russes est le “Конфедератка”. Or ce mot est bien proche du “Коминформ” ou Kominform, le non moins fameux “Bureau d’information des partis communistes”.

    Ainsi le “grand chapeau” qui cache tant de secrets est en fait le réseau de propagande communiste de l’URSS. On comprend grâce à cet indice que Tata Yoyo est en vérité une représentation symbolique des pays du pacte de Varsovie (ce qui explique le vieux chapeau et la robe à fleur cités plus tard, qui marquent la pauvreté due au régime totalitaire, ainsi que le boa, surnom donné à Staline en 1938 par Trotsky lors de la bataille de Rocky). De plus, le narrateur qui interroge Tata Yoyo est en vérité Mikhail Gorbatchov. Tata Yoyo est une oeuvre visionnaire, qui présage déjà en 1980 la Glasnost engagée cinq ans plus tard, ce qui n’est pas surprenant quand on sait les liens intimes qu’entretenait Annie Cordy avec l’homme d’Etat russe et la place qu’elle a joué dans l’éclatement du bloc soviétique (voir “La bonne du curé” pour sa critique de l’anticléricalisme communiste).

    J’espère t’avoir éclairé sur cette chanson.
    A bon entendeur…