Mieux vaut un 2be3 qu’un Freysinger

Maurice Gruchon a fait sien un combat, celui de l’insécurité.

Bien sûr, Blouville, la petite bourgade dont il est maire, n’est pas des plus touchées par ce fléau. La dernière infraction grave à la loi remonte au 12 juillet 1987, quand le jeune Corentin Vultoire avait refusé d’assister au concert de la chorale municipale, préférant s’adonner à son entraînement hebdomadaire de haïku.

Mais hélas, les distractions sont rares à Blouville. Les habitants regardent donc assidument tf1 et ont déclaré, lors d’un sondage réalisé par le maire auprès des habitués du café des amis, un dimanche matin, craindre l’insécurité, le chômage et de ne pas savoir répondre à la question sexy de Jean-Luc Reichmann.

Maurice Gruchon a commencé par doubler l’effectif policier. Une mesure qui a fait la joie de Félix Brousolles, agent municipal, qui a déclaré: “ah ben ça fait plaisir d’avoir enfin un peu de compagnie, je l’emmènerai à la pêche et lui montrerai ma collection d’éponges”, mais aussi de Brandon Gruchon, nommé adjoint en chef à l’agent municipal, qui a déclaré “merci papa, trop cool.” Le corps policier municipal a dores-et-déjà lancé une pétition visant à doubler l’effectif, “histoire de pouvoir taper le carton”.

Féru de statistiques, Maurice Gruchon a décrété que “on a beau dire, mais les étrangers, quand même, hein”. En effet, plus de 99,9% des crimes commis dans le monde ne sont pas le fait de ressortissants blouvillois. Il a donc fait interdire le territoire communal à tous les non-blouvillois.

Il a également constaté que les hommes sont plus friands que les femmes d’infraction à la législature. De même, les moins de 62 ans sont nettement plus souvent cités en justice que leurs aînés. Maurice Gruchon a donc interdit aux jeunes hommes de sortir de chez eux sans une escorte policière. A une exception près: en effet, les chiffres prouvent que jamais un danseur de claquettes bègue passionné par le jeu de mikado et les maquettes de pédalos de la deuxième guerre moldavo-guatémaltèque n’avait été incarcéré, si ce n’est pour excès de vitesse excessifs. Esculape Roubichol, danseur de claquettes bègue passionné par le jeu de mikado et les maquettes de pédalos de la deuxième guerre moldavo-guatémaltèque, peut donc sortir de chez lui librement. Mais à pieds.

Grâce à Maurice Gruchon, les onze habitants restés fidèles au village de Blouville osent désormais sortir le soir sans porter de gilet pare-balles. Et ça, ça n’a pas de prix.

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