De fil en aiguille

Faut-il savoir raison garder ?

Je me suis toujours demandé qui étaient les mecs qui créent les expressions. Quelles étaient leurs motivations profondes, leurs rêves, leurs envies, leurs passions, s’ils travaillaient en freelance ou se regroupaient dans un laboratoire sombre dans un village au sud de Paris…

Et surtout, pourquoi ils étaient si flous.

Par exemple (c’est de saison) Noël au balcon, Pâques au tison. Ça manque cruellement de précision. Par exemple, si les fumeurs sortent sur le balcon à Noël (notamment entre l’entrée et le plat de résistance, ce que personnellement je trouve dommage, mais ce n’est pas l’objet du débat), doivent-ils fumer sur un tison à Pâques ? Et, d’ailleurs, c’est quoi, au juste, un tison ? Google Images est très très évasif à ce sujet.

Autre expression très peu précise : femme qui rit, femme à moitié dans ton lit. Bon, par exemple, admettons que je sois confronté à un problème de personne prenant toute la place dans mon lit. Puis-je réveiller cette personne et lui raconter une blague afin de remédier à ce problème ? Mais dans ce cas, comment éviter qu’elle ne tombe, puis-je choisir la moitié qui reste ? Faut-il installer un petit strapontin à côté du lit conjugal ? Ils ne le disent pas dans l’expression.

Et si elle le prend mal, ça me fait une excellente transition vers l’expression une de perdue dix de retrouvées, qui m’a toujours semblé assez inexacte. Heureusement, d’ailleurs, j’aurais jamais eu assez de jambon pour faire à souper pour tout le monde. Même si quand il y en a pour un, y en a pour deux, et que jamais deux sans trois, à mon avis, on aurait quand même eu faim.

Et quand on dit “un sou est un sou”. Pardon, mais si c’était vrai, ça se saurait. Le milieu vivifiant de la finance internationale ne peut tout de même pas se tromper : c’est lui qui domine le monde pendant que, tapis dans l’ombre, les mecs qui créent les expressions se contentent de créer des expressions. Du genre “bien mal acquis ne profite jamais”. Pardon, mais il faut pas y connaître grand chose en économie pour dire des trucs pareils.

Donc bon, je pense que dans le doute, et pour répondre à la question initiale, il ne faut pas savoir raison garder.

8 Responses to “De fil en aiguille”

  1. Nitt says:

    Vu la tournure typique, je pense qu'”il faut savoir raison garder” a été créée par un proche de Yoda.

  2. PascalR says:

    @Nitt : C’est maître Yoda l’auteur.

  3. loser says:

    Non moi c’est Fracas. C’est lui, là-bas, Perte.

  4. misssfw says:

    Ne vous êtes-vous jamais interrogé sur l’expression “il vaut mieux tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler” ? Alors que bon, tout le monde sait qu’il vaut mieux tourner sept fois sa langue dans la bouche d’autrui. La sagesse populaire, c’est vraiment n’importe quoi.

  5. fonji says:

    Ce billet manque de commentaires.
    Alors voila un de plus.
    De rien, de rien. C’est bien normal.

  6. Clamauve says:

    Moi, ce que j’adore, c’est les gens qui emploient des expressions sans les comprendre, parce que c’est vrai, quoi, elles pas dire grand chose, alors du coup, ils les transforment. Par exemple : “celui là, il faut le surveiller comme l’eau sur le gaz”, ou encore : “ça va tout de même pas durer jusqu’à Mathusalem ! “. Parfois, on ne trouve pas la solution alors qu’elle ” nous pend aux yeux”, ou on tombe “comme un cheval sur la soupe”. Enfin, il faudrait moderniser tous ces dictons et expressions, et pour cela en “toucher un mot” à quelqu’un qui a “opinion sur rue”.

  7. shalf says:

    “opinion sur rue”, c’est quand on fait un micro-trottoir ?

  8. Leïleï says:

    <3 <3 <3