Archive for June, 2009

Concours hippique

Wednesday, June 24th, 2009

Enfin. Enfin je fais mon entrée dans la cour des grands, dans le cercle très fermé des Blogueurs Influents.

On m’a en effet envoyé, et je sens que ça va faire des jaloux, d’ailleurs je me demande si je fais bien d’en parler mais allons, soyons courageux, j’assumerai les conséquences, un lien me permettant de télécharger le kit de presse du film Le Hérisson, qui sortira sur vos écrans la semaine prochaine.

“Nous pensons que ce film peut vous intéresser”, me précise-t-on, non sans perspicacité.

Car, d’une part, j’adore le cinéma. L’autre jour, j’ai vu un film… ah non, c’était Good morning England, pardon. D’autre part, j’aime bien les hérissons qui, bien qu’insectivores, sont des petits animaux trop mignons, une fois, on en avait eu un au jardin, mais après il est mort. Et, en dernier lieu, j’adore, et c’est un hobby trop peu répandu de nos jours, dire du mal de nouveaux auteurs à succès dont je n’ai jamais rien lu : Marc Lévy (l’inventeur des jeans), Guillaume Musso (l’auteur de Placid et Musso), Anna Gavalda (pourtant moi aussi, je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, genre à la gare, mais pas ce soir, ça va aller), Bernard Werber (ah non, lui, j’ai lu pas mal de ses bouquins, je peux dire du mal en connaissance de cause)(pour résumer brièvement l’oeuvre de Werber, on pourrait dire ceci : lol) . Et, donc, Muriel Barbery (rien à voir avec la Barbarie) et son “élégance du hérisson”.

Et voyez-vous, moi-même, par moments, malgré cet humour piquant qui fait que l’on a trop longtemps hésité à m’envoyer des kits de presse, croyant sans doute que j’allais me moquer, j’aimerais bien qu’on me caresse resse resse, mais on s’égare là.

“Le hérisson”, c’est l’histoire de Renée, qui bien que très douée et d’une immense culture générale, a décidé de vivre cachée sous les dehors de la concierge niaise et inculte que les habitants du 7, rue de Grenelle croient connaître, j’ai piqué le résumé sur wikipedia, j’espère que ça ne te hérisse pas trop. Comme les hérissons, qui sont des animaux très cultivés, mais préfèrent se faire écraser comme des cons sur les routes pour passer pour des idiots et qu’on leur foute la paix, sinon tout le monde irait sans cesse leur demander de résoudre des équations à 42 inconnues. C’est un film très beau et très sensible sur les gens qui ne sont pas ce qu’on pense qu’ils sont, à l’image de Richard Gasquet, mais enfin là c’est pas lui, c’est Renée, une concierge. A noter qu’Herrison Ford ne joue pas dans ce film.


– je voyais pas ça comme ça, un hérisson, moi…
– Il ne faut pas juger à l’apparence. On ne voit bien qu’avec le coeur.
– Oui mais moi j’ai eu un souffle au coeur quand j’étais petite alors bon. On dirait plutôt un opossum.

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– J’essaie de finir “Et si c’était vrai, hein ? Eh ouais mais on n’y pense jamais, à ça !”, mais impossible de me concentrer avec cette saleté de hérisson sur mes genoux, j’aurais dû écouter ma mère et prendre un mari plutôt. Ou un okapi.

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– Pardon madame, mais votre hérisson a mangé Kiki, ma limace adoptive, ça m’embête un peu.

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– C’était une si gentille limace, je lui avais appris plein de tours géniaux.
– Oui bon ça va, chiale pas, je t’achèterai un koala pour te consoler.
– Ok, et une glace, sinon j’appelle les flics pour port d’animaux exotiques sans autorisation.

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– Ah ça m’énerve ces animaleries ouvertes n’importe quand… Je vais plutôt aller boire un verre avec Jean-Claude Brialy.

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– Bonjour, je suis Jean-Claude Brialy, allons prendre un verre.

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– Attendez, attendez, le film est bientôt fini et je ne vous ai pas encore raconté la blague de Chplaf le hérisson

Meds alors

Sunday, June 21st, 2009

Aujourd’hui, c’est la fête de la musique : bonne fête à toutes les musiques

Ça me fait justement penser que Placebo a sorti un nouvel album. Après avoir sorti trois fois le même. Ça s’appelle “Battle for the Sun” et Brian Molko, tu sais, le chanteur qui ressemble un peu à Soan de la Nouvelle Star, explique à qui veut l’entendre (et comme il cause français, tout le monde veut l’entendre, tu penses) que cet opus est celui de la maturité rédemption, parce qu’avant ils se droguaient, maintenant plus.

Deux questions se posent donc : Peut-on faire du rock’n’roll sans drogues, peut-on encore troller sur Placebo de nos jours ou a-ce autant d’effets que des faux médicaments, ah oui, tiens, j’avais jamais fait le rapprochement, et au fait, de quoi causent leurs nouvelles chansons, hein ? J’espère que la traduction vous conviendra, même si mon Japonais est meilleur.

I, I, I, will battle for the sun, sun, sun.

Je, je, je me battrai pour le soleil
Brian Molko reprend ici un thème très fort, celui du soleil, comme avant lui William Baldé et Jenifer. Mais il ne faut pas voir cette bataille pour le soleil au sens premier : on ne peut pas vraiment se battre pour le soleil, on risque de se brûler les doigts très fort. Non, il y a dans cette chanson un sens métaphorique.
Il s’agit en fait d’une dispute entre deux amis, l’un deux veut partir en vacances à Douarnenez, l’autre préférerait une destination plus exotique et plus chaleureuse. C’est donc une chanson engagée, mais pas trop.

And I, I, I wont stop until I’m done, done, done.

et je, je, je ne m’arrêterai pas avant d’avoir fini
Molko est bien décidé à exposer tous ses arguments.

You, you, you are getting in the way, way, way.

Tu, tu, tu es dans le chemin, min, min
Quand bien même il doit pour cela se heurter à l’opposition farouche de son interlocuteur.

And I, I, I have nothing left to say, say, say.

Et je, je, je n’ai rien d’autre à dire, dire, dire.
Bon, finalement, il en avait pas des masses, d’arguments.

I, I, I, I, I will brush off all the dirt, dirt, dirt, dirt, dirt, dirt, dirt.

Je, je, je, je, je nettoierai toute la saleté, saleté, saleté, saleté, saleté
Un argument de son ami le fâche : celui-ci affirme que dans les pays du sud, la propreté des chambres d’hôtel laisse souvent à désirer. Si tel est le cas, rétorque ce bon Brian, je m’engage à faire un brin de ménage.

And I, I, I, I, I will pretend it didn’t hurt, hurt, hurt, hurt, hurt, hurt, hurt, hurt.

Et je, je, je, je, je, prétendrai que ça ne fait pas mal, mal, mal, mal, mal, mal, mal, mal, mal, mal
Même si je n’aime vraiment pas le ménage, je le ferai avec le sourire, ajoute-t-il.

You, you, you, you, you, are a black and heavy weight, weight, weight, weight, weight, weight, weight.

Tu, tu, tu, tu, tu est un poids noir et lourd, poids, poids, poids, poids, poids, poids
La discussion s’envenime, le ton monte, les insultes fusent. La colère fait perdre tout discernement à Molko, puisque tout le monde sait que les poids ne sont pas noirs, mais rouges.

And I, I, I, I, I, will not participate, pate, pate, pate, pate, pate, pate.

Et je, je, je, je, je ne vais pas participer, per, per, per, per, per
Il prévient : si Douarnenez il y a, ce sera sans lui.

Dream brother, my killer, my lover.
Dream brother, my killer, my lover.

Rêve frère, mon tueur, mon amant
Rêve frère, mon tueur, mon amant

Les relations qui lient les deux protagonistes sont troubles.

I, I, I will battle for the sun, sun, sun, sun.

Je, je, je me battrai pour le soleil, soleil, soleil

Cause I, I, I, have stared down the barrel of a gun, gun, gun, gun, gun, gun, gun.

Parce que j’, j’, j’ai regardé à travers le canon d’un pistolet, pistolet, pistolet, pistolet, pistolet.
L’ami de Molko le menace d’une arme, ce qui est tout de même légèrement exagéré vu le sujet de la dispute.

No fun, you, you, you, you, you are a cheap and nasty fake, fake, fake, fake, fake, fake, fake.

Sans blague, tu, tu, tu, tu es un bon marché et désagréable faux, faux, faux, faux, faux, faux
Brian Molko se rend alors compte que cette amitié n’était pas d’une grande valeur. Et c’est vrai que, bien souvent, quand un ami vous brandit un barillet sous le nez, vos rapports sont ensuite à jamais faussés.

And I, I, I, I, I am the bones you couldnt break, break, break, break, break, break, break, break!

Et je, je, je, je, suis les os que tu ne pourras pas casser, casser, casser, casser, casser!
Brian Molko prévient alors son désormais ex-ami que, si d’aventure, ils devaient en venir aux mains, il ne faudrait pas se fier à son apparence de freluquet et qu’il a l’os pour le moins solide. Je ne voudrais pas émettre de jugement, mais je crois qu’il se surestime un peu.

Dream brother, my killer, my lover.
Dream brother, my killer, my lover.

[Instrumental Solo]

Dream brother, my killer, my lover.
Dream brother, my killer, my lover.

Dream brother, my killer, my lover.
Dream brother, my killer, my lover.

I, I, I will battle for the sun.

Rêve frère, etc. etc. etc. etc.
C’est une chanson très dure sur un thème très fort, mais avec tout de même quelques légères répétitions.

Un million, c’est cher pour une chute

Thursday, June 18th, 2009

Mêmes causes, mêmes conséquences :

Puisque tu aimes les éléments autobiographiques, je suis tombé dans une dépendance terrible. Questions pour un champion online. L’autre jour, alors qu’un Julien Lepers virtuel s’énervait, en finale, on m’a posé une question qui commençait ainsi : Discipline scolaire, je suis une spécificité française…

Alors j’ai commencé à pâlir, à blêmir, à me demander si vous aviez des cours de fromages, auquel cas je déménage demain et repasse mon bac immédiatement, des cours d’oenologie, des cours d’andouilles… Mon adversaire, lui, s’est posé moins de questions et a répondu “les maths”. C’est là que je me suis demandé “ils parlent quand même pas de la philo ?” Bon. La philo est une spécificité française, Jean-Raymond Platon et Antonin Nietzsche vous le diront.

La spécificité française, donc, ce n’est pas la philosophie en elle même mais le fait que chaque année ça fait un sujet d’actualité. Cette année, ça risque de passer un peu au second plan, vu qu’il y a des événements plus importants qui mobilisent les journalistes : Barack Obama a tué une mouche. Heureusement, je suis là.

Série L:

Le langage trahit-il la pensée ?

Bien sûr. Par exemple quand une fille te demande “à quoi tu penses ?” juste après l’amour, tu aimerais lui répondre “Je pense que tu es comme un roseau qui ondule dans les champs de coquelicots, le soir, sous l’étendue intense de l’ellébore fragile, viens, partons, envolons-nous pour des mondes sans frontières où l’amour touche les ailes des oiseaux” et tout ce que tu arrives à dire est “graaaouh”.

L’objectivité de l’histoire suppose-t-elle l’impartialité de l’historien ?

L’objectivité de l’histoire suppose surtout une machine à remonter dans le temps.

Série ES :

Que gagne-t-on à échanger ?

L’intense satisfaction d’enfin arriver à terminer un album Panini.

Le développement technique transforme-t-il les hommes ?

Pour le savoir, mettons-nous en situation et proposons à UuuhGruhrrr d’ouvrir un compte twitter.
Après un premier temps d’adaptation, où il tente de l’ouvrir à coups de massue, qu’observons-nous :
Aujourd’hui on mange du mammouth LOL
RT @UuuhGruhr Aujourd’hui on mange du mammouth LOL
Bon il faut que j’aille chasser j’ai pas envie VDM
Trop dur la vie aujourd’hui je me suis coupé avec un silex LOL
Donc oui, le développement technique transforme les hommes, en leur permettant de manger plus équilibré et de se raser proprement grâce à ses 21 lames.

Série S :

Est-il absurde de désirer l’impossible ?

Ne me demande pas ça, je suis fan de Servette.

Y a-t-il des questions auxquelles aucune science ne répond ?

Celle là, par exemple. Et pourquoi Indochine, aussi.

Amores Perrault

Sunday, June 14th, 2009

Petit préambule: Cette note est peut-être un peu différente de ce que je fais d’habitude. Mais peut-être pas. On peut pas savoir. Et c’est ça qui est fou

Il était une fois des gens. Ils avaient déjà sept enfants, Paul, Henri, Mathieu, Arnaud, Clément, Perkolator et Poucet, lorsqu’ils décidèrent de se laisser aller à la contraception.
Or, il advint qu’une terrible crise économique frappa le royaume. Les malheureux parents avaient de plus en plus de difficultés à joindre les deux bouts (car leurs mains tremblaient à cause de l’alcool) et, en plus, ils étaient un peu serrés financièrement, autant te dire que c’était pas choucroute tous les jours.

– Oh putain, j’ai une idée de ouf !
, dit un jour le père, que nous appellerons le père, à la mère, que nous appellerons la mère.
– Encore une de tes combines foireuses ?
, lui répondit-elle, car son époux était inventeur de profession. Brillant, mais pas du tout reconnu. Il avait en effet inventé l’ouvre-boîte, mais la boîte de conserve mettrait encore plusieurs siècles avant de faire son apparition. De même, il était le créateur de la télécommande (longtemps avant la télévision) et de la bière (longtemps avant le football) et ses contemporains ne surent jamais relever tout le génie de ses créations. (De la même manière et par la force des choses, il était également l’inventeur du régime, mais là non plus, personne n’en comprit l’intérêt, les magazines féminins étant encore bien loin de faire leur apparition).

– Laisse-moi raconter… Je me disais, vu que pour nourrir les mômes, c’est plus trop ça, on pourrait les paumer dans la forêt, ni vu ni connu.
– Ah ben pour une fois, je dois le reconnaître, c’est génial.

Mais Poucet avait dissimulé des micros sous le lit de ses parents, car il se destinait à une carrière de paparazzi. Il découvrit ainsi ce plan machiavélique et dissimula dans ses poches des petits cailloux, qu’il lâcha le long du chemin afin de le retrouver. Alors tu vas me demander, mais comment ils ont reconnu leurs cailloux au milieu de tous les autres cailloux ? Mais à l’époque, les chemins étaient fort peu caillouteux et il était tout à fait possible de faire usage de cet habile subterfuge, hélas fortement déconseillé aujourd’hui, si tes parents t’abandonnent dans la forêt, je te conseille plutôt de te servir de ton iPhone pour retrouver ton chemin, et n’oublie pas de live blogger toute l’aventure.

Quelle ne fut pas la surprise des parents quand leurs sept enfants frappèrent à la porte comme un seul homme !

– Et voilà, encore une de tes idées foireuses qui a foiré !
– Non mais attends, demain, on recommence, mais ce coup-ci on vend tous les cailloux du pays à une usine de cailloux !

Aussitôt dit, le lendemain fait. Mais Poucet, qui n’était pas la moitié d’un imbécile, mais un imbécile tout court, avait garni ses poches de boulettes de pain. Alors tu vas me dire, où avait-il trouvé du pain ? et je vais te répondre non mais arrête avec tes questions, je raconte, là.

Mais tu peux t’en douter, les oiseaux, qui sont de véritables rapaces, mangèrent tout le pain, et Poucet et ses six grands frères, soit dit en passant encore plus bêtes que lui, se retrouvèrent plantés comme des buses au-milieu de la forêt.

– Ah ben là, on est mal

, dirent-ils d’une seule voix.

Comme le sens de l’orientation n’était pas leur fort, ils se perdirent complètement. Or, en ce temps-là, un ogre vivait dans la forêt (ils ont depuis tous été interdits par le gouvernement et se sont tournés vers des professions moins scabreuses, comme avocats, traders ou charpentiers).
– Bonjour, on pourrait dormir ici ?
, demandèrent-ils d’une seule voix à l’épouse de l’ogre, qui était palefrenière sur licornes, mais ça n’est pas d’une importance fondamentale pour la suite de l’histoire.
– Ben si vous voulez, mais il faut savoir que mon époux mange des enfants, car il est communiste.
– Communiste ? Il a voté pour le NPA ?
– Oui da.
– Génial, on adore Antoine de Caunes.

Puis Poucet relut le scénario du conte dans lequel il était embringué.
– Attends, attends. Bon. On se déguise en filles, l’ogre mange ses propres filles, on lui vole ses bottes, on retourne chez nos parents et tout le monde danse la ronde de l’amitié ?
, demanda-t-il à madame Ogre.
– C’est un peu ça, ouais.
– C’est complètement idiot, ça marchera jamais.
– Moi j’aime bien le passage où mon mari dit “ça sent la chair fraîche”
– Ouais c’est classe, ça, on garde.

Puis l’ogre rentra.
– Ça sent la chair fraîche.
– Tu m’étonnes, choupinou, j’ai fait du gigot.
– C’est pas de la bouffe de capitaliste, ça ?
– Bah y avait une promo.
– Ok lol.

Puis les sept garçons se marièrent avec les sept filles de l’ogre, fondèrent le Nouveau Nouveau Parti Anticapitaliste, Antiabandons et Antioiseaux, intentèrent un procès retentissant à leurs parents, et écrivirent sur leur aventure un roman qu’Eric Naulleau jugea particulièrement mal écrit.
Puis tout le monde dansa la ronde de l’amitié.

Walzer für Niemand

Friday, June 12th, 2009

Petit préambule: Cette note est peut-être un peu différente de ce que je fais d’habitude. C’est une nouvelle qui me traînait dans un coin de la tête et que je n’avais pas envie de laisser prendre la poussière toute seule dans un Moleskine.

Elle monta les escaliers bien plus lentement que d’habitude, en fouillant son sac. Elle ne retrouvait pas ses clés. Elle aurait aimé que quelqu’un se foute d’elle. C’est la dixième fois que tu les perds cette semaine, record battu. Elle aurait peut-être même aimé une réaction courroucée. Bien sûr qu’elles sont là, tes clés, tu les perds tous les jours et, au final, elles sont toujours dans ton sac.
Cela faisait longtemps que cela ne lui avait pas fait aussi mal. Entrer, trouver la lumière éteinte, adresser quelques mots au chat, manger devant la télé. En remettant la main sur son trousseau de clés, elle décida qu’elle appellerait une copine, histoire de se faire un cinéma ou une bonne vieille soirée à dire du mal autour d’une bière.
C’était peut-être l’approche de ses trente ans. On a beau se dire qu’on s’en fout, il y a toujours un moment où on se laisse rattraper par les “une belle jeune fille comme vous, célibataire ?” qui se font plus compatissants et moins rieurs, les “vous savez, l’horloge biologique…”, les “mais tu leur fais quoi pour pas réussir à en garder un ?”, souvent assortis de bons conseils, tous les articles de magazine féminins qui expliquent comment être heureuse quand même quand on est célibataire.
C’était peut-être la conversation du week-end dernier, les retrouvailles avec quelques amies du lycée. Pas parce qu’elles étaient quasi toutes mariées jusqu’aux yeux, pas parce qu’elles insistaient lourdement sur sa chance d’être libre, mais à cause de cette remarque, l’air pourtant banale, lâchée par sa vieille copine Maria : “T’as quand même vraiment pas de chance avec les mecs”.
Ça l’avait plombée. Parce que mine de rien, elle avait fini par se convaincre qu’elle était seule par choix, qu’elle aimait ça, et n’avait même jamais songé à se plaindre de cette série de coups du destin qui faisait que cet été, elle partirait trois semaines en trakking plutôt que “quelques jours au camping parce que tu comprends, avec les gosses…”
Mais pourtant, en y réfléchissant bien… Il y avait eu cet artiste dépressif il y a quoi ? sept ans ? Là, ok, elle était partie, même si ça avait été un déchirement. Juste avant de devenir folle.
Puis celui qui avait décroché une bourse, de façon totalement inespérée, et avait pu partir étudier à New York. Leur relation épistolaire avait duré au moins un mois. Il n’était jamais revenu et elle repoussait chaque été d’une année l’idée de lui rendre visite.
Celui qui avait eu une révélation mystique. Elle aurait préféré qu’il la quitte pour une fille plus jolie qu’elle plutôt que pour un grand gourou. Il lui répondait qu’il n’y avait pas de filles plus jolies qu’elle, et qu’il ne fallait pas appeler Wikram gourou, qu’il était à la fois bien plus et bien moins que ça, mais qu’elle ne pouvait pas comprendre. Aux dernières nouvelles, son ex s’appelait désormais Oiseau de Lumière, était plus heureux qu’il ne l’avait jamais été et vivait en un lieu qu’il ne pouvait révéler.
Celui qui avait recroisé, complètement par hasard, une ex qui vivait pourtant à plus de sept mille kilomètres. Il avait fait des aller-retour émotionnels pendant quelques mois avant de se faire jeter, quasi simultanément, par les deux.
Et puis le dernier en date. Adrien. Ni sa carrière, ni sa foi, ni sa bite ne semblaient vouloir les séparer. Ils as’étaient plus ou moins mis d’accord sur des prénoms et avaient décidé d’où ils se marieraient s’ils se mariaient. Quand il avait eu ce terrible accident de ski. Elle aurait préféré qu’il la quitte pour une fille plus jolie que pour cette salope de faucheuse.
Elle était de ces gens à qui on dit “je sais pas comment tu fais, à ta place je serais au quatrième dessous”. Elle ne pleurait qu’en cachette. Elle avait même rencontré quelques mecs, mais ne les laissait jamais entrer dans sa vie.
Mais là, ce soir, elle se sentait vraiment seule. Au point de délirer, ou alors il y avait quelqu’un assis juste devant son appartement ?

***

– Tu fais quoi ici ?
– Je viens pour ton anniversaire.
– C’est dans un mois.
– Je sais.
– Je ne comprends pas, là.
– Si à trente ans, tu n’es pas mariée, alors tu m’épouses. Tu me l’avais promis. Il n’y a que ton nom sur la sonnette, j’ai vérifié.
– Mon dieu, tu te souviens de ça ? C’est fou comme le romantisme peut avoir l’air effrayant, par moments.
– Tout est prêt. L’église, les faire-parts, le repas, la musique. Tout est prêt.
– Je… Enfin c’est un peu étrange, là, on ne s’est pas vu depuis, quoi, sept ans ?
– Cinq ans et demi. La soirée chez Michaël. Je t’avais ramenée.
– Ah oui, j’avais oublié. Enfin, tu veux entrer, boire un café ? Tout est prêt, tu dis ?
– Tout. J’ai eu du temps, en cinq ans et demi…
– Tu comprends, j’ai pas eu d’histoire sérieuse depuis deux ans et là.
– Une année et demi, en fait.
– Je… Oui, c’est juste, une année et demi.
– L’accident de ski.

John Connor, c’était les Corons

Thursday, June 4th, 2009

La sortie ciné de la semaine, c’est Terminator Renaissance.

Je sais pas si tu te souviens de Terminator. C’était un film avec plein de robots du futurs un peu idiots qui revenaient dans le passé pour tuer Sarah Connor. Quand tu sortais du cinéma, tu disais des trucs genre “trop bien, la scène avec l’explosion ! Et la poursuite, géniale ! Et le moment où le méchant dit “Sarah Connor ?”, excellent !”
Mais y avait toujours un pote qui douchait ton enthousiasme avec des questions à la con genre “mais pourquoi les robots du futur ils ont pas juste essayé de tuer la grand-mère à Sarah Connor, tranquille ?”, s’ensuivait un débat passionné sur les problèmes inhérents aux voyages dans le temps encore plus absurde que quand tu avais revu “Retour vers le futur” en suisse allemand. A la fin, un mec mettait tout le monde d’accord en disant “Non mais c’est un film, c’est trop pas possible les voyages dans le temps, sinon on le saurait, les mecs du futurs seraient venus nous le dire, on va boire une tisane ?”

Des années plus tard, tu te rends compte que c’est grave possible, ces histoires. Le mec qui a éliminé Nadal à Roland Garros, c’est grave un robot du futur. Et à force de manipuler le continuum espace temps, les mecs ils ont tout déréglé. Comment tu expliques, sinon, que Schwarzie soit devenu gouverneur de Californie ? Comment tu expliques Rachida Dati ?
Même que s’ils continuent à faire n’importe quoi, les cons de robots du futur, on va finir par se retrouver avec un présent antérieur où Schwarzenegger et Rachida Dati sont tous deux présidents et se lancent dans une guerre sanglante suite à un léger désaccord sur la solution à apporter quant à la question afghane (je cite, “et ta mère, elle s’intéresse à l’Afghanistan ? LOL”)

Or donc, dans Terminator Renaissance, les robots du futur décident carrément de remonter jusqu’au XVe siècle et d’aller en Italie buter Léonard de Vinci, Raphaël et même le Caravage (tudu tudu, tudu tudu), car leurs calculs indiquent que si on empêche la Renaissance, John Connor ne sera pas héros de la révolution mais champion de kéno.

Des gentils du futur observent un schéma de Da Vinci un peu compliqué. Et se disent que c’est trop de la balle.

On ne le sait que trop peu, mais c’est cette scène de fusillade qui a inspiré à Michel-Ange la célèbre Création de l’Homme visible sur le plafond de la Chapelle sixteen.

Un mur. Avec des trous dedans.

On ne le sait que trop peu, mais c’est ce méchant robot du futur qui a inspiré à Léonard de Vinci son célèbre homme de Vitruve.