Il ne savait pas en ouvrant la porte qu’il allait découvrir le secret du bonheur. La huitième va vous étonner !

January 2nd, 2015

– Bonjour, vous vous souvenez de ce que je vous avais dit, l’an dernier à pareille époque ?
– Pas très bien, je dois dire…
– Bonne année. Je vous avais dit bonne année. Et je vous avais souhaité joie, amour et bonheur.
– Ah, oui, ça me revient. Vous aviez ajouté “Et la santé ! Parce que c’est important, la santé !”
– Oui. C’est important. Et vous, qu’avez-vous fait ?
– Ben…
– Vous êtes tombé gravement malade !
– C’est vrai, oui, mais les docteurs disent que je vivrai !
– Oui, oh, les docteurs, ils disent ça comme ils diraient autre chose, vous savez.
– C’est vrai qu’ils disaient la même chose à ma femme…
– Vous voyez ! Très bel enterrement, d’ailleurs.
– Vous n’y étiez pas.
– Non, non, avec le yacht à essayer, vous savez ce que c’est…
– Non.
– Mais je suis sûr que c’était un très bel enterrement. Vous connaissant. Vous êtes doué, pour ces choses là.
– Oh, oui, au bout du septième en un an, forcément.
– Oui. Quelle chance d’avoir une si grande famille, tout de même ! Mais vous parvenez quand même à vous plaindre.
– Ben là, il ne me reste plus grand monde.
– Oui, surtout que vos enfants refusent désormais de vous parler !
– Ils ne refusent pas, ils sont tombés en catatonie.
– Ah, oui, la Catatonie, très belle région, j’y suis allé avec ma maîtresse et mon épouse l’été dernier.
– La Cappadoce. Je sais. C’est là qu’elle a attrapé cette maladie.
– Ma femme ? Mais non. Elle va bien.
– Votre maîtresse. Mon épouse. Ma veuve.
– On ne dit pas ma veuve, ce n’est pas vous qui êtes mort. Soyez précis, que diable.
– Bon, bon. Et quel bon vent vous amène ?
– Bien je vous l’ai dit. L’an dernier, je vous avais souhaité santé, bonheur et réussite… Vous voilà veuf, malade et chômeur. Parce que vous vous êtes fait virer de votre travail.
– Non. Ma boîte a fait faillite. Suite aux problèmes de santé de mon épouse.
– Bon, bon, ne jouez pas sur les mots. C’est pareil.
– Techniquement, non. Je n’ai pas droit au chômage, du coup. Mais je fais contre mauvaise fortune bon coeur ! J’ai appris à cuisiner la terre. C’est pour ça que je suis tombé malade, d’ailleurs.
– Bon, bon, épargnez-moi ces détails malsains. Je suis venu vous annoncer que je vous assignais en justice.
– Pardon ?
– Mauvais usage de voeux.
– Ca n’existe pas.
– Si, la loi est passée l’été dernier.
– Je l’ignorais.
– Vous pourriez faire un effort. D’ailleurs, je vais vous dire. Le bonheur est en chacun de nous, mais pour l’avoir, il faut le vouloir.
– Paulo Coelho ? C’est vous ? Puis-je avoir un autographe ?
– Non.
– Bon. Tant pis. Bonne année !
– Et surtout, la santé.

Baby come back

November 24th, 2014

La charte du parfait blogueur m’imposant de régulièrement m’exprimer sur des sujets que je ne maîtrise pas complètement, voici, pour toi, Zhom dans l’attente de bb1, une FAQ qui te permettra de tout savoir sur ton rôle de futur papa.

Car c’est un fait avéré : quand le futur petit bonheur à venir arrondit délicatement le ventre de sa maman, cela crée une réaction hormonale subite qui pousse des gens à venir lui toucher le ventre et lui prodiguer force conseils avisés : “Mais enfin, de l’alimentation ? Mais vous savez, madame, il ne faut pas prendre du poids !”. Il paraît que certaines personnes peuvent parcourir jusqu’à 1400 kilomètres pour pouvoir toucher le ventre d’une femme enceinte et lui dire “ça alors, à la façon dont il bouge, ce sera un garçon, vous savez, il faut s’y prendre tôt pour les inscrire dans une bonne école militaire, vous devriez déjà faire les démarches !” Alors que toi, pendant ce temps-là, tu te retrouves planté tout seul dans ton froc, et tu seras probablement condamné à te toucher le ventre toi-même. A peine Laurence Pernoud te jette-t-elle un regard discret. Pourtant, le rôle de l’homme est toujours plus important : alors que, jadis, il fumait des cigarettes en faisant les cent pas dans les couloirs de la maternité puis avait beaucoup de travail pendant que ses chers petits, on ne les a pas vu grandir !, se droguaient et rateient leur contrôle d’algèbre, aujourd’hui, la plupart des hôpitaux sont non-fumeurs, ce qui nous oblige à beaucoup plus nous investir dans le processus gestationnel.

Bref.

Une FAQ, on avait dit.

Vous savez ce que c’est, nous, les hommes enceintes, on s’égare.

Bref.

Je viens de parcourir Internet, j’ai biffé de ma liste tous les prénoms dont des gens se moquent, car on ne voudrait pas qu’il soit la cible de quolibets, ce cher petit amour !!!, il ne me reste que Epicène, Vladimir ou Fiat500 pour une fille et Athanagor ou Estragon pour un garçon, en ai-je oublié ?
Les prénoms anciens reviennent à la mode : Kevin, Cynthia, Samantha, Kévin, par exemple.

Pourquoi est-ce que tout le monde me félicite ? Parce que pour le moment, tout ce que j’ai fait, c’est de mettre la petite graine dans le réceptacle à petites graines (voir figure 12) et franchement, ce n’est pas bien sorcier, même François Hollande y arrive, lol, est-ce que les gens ne devraient pas attendre pour me féliciter que l’enfant atteigne la majorité sans passer par la case prison ?
Ah, toi aussi, ça te fait ça ? Ca me rassure, du coup, je me disais qu’on me félicitait, au vu de mon adolescence, d’avoir réussi à atteindre ladite (figure 12).

La sage-femme s’est exclamée : “C’est une fille !” Franchement, quand donc se sortira-t-on enfin de ces clichés genrés ?
On ne dit pas sage-femme, mais sage-personne.

Puis-je vous vendre de la publicité pour des langes recyclables en poil d’alpaga ?
Ah ben j’espère bien ! Je vois pas vraiment l’intérêt d’être parent en 2014 si on ne peut même pas en profiter pour faire des articles sponsorisés sur son blog.

Est-il vrai que posséder un bébé, c’est un super moyen pour pécho ?
Partiellement. Evidemment, lorsque tu te rendras au parc avec ce cher petit bonheur !!!, nombre d’accortes jeunes personnes viendront te demander la permission de le prendre dans leurs bras fraîchement épilés. Mais très rapidement, au moment de leur compter les fleurettes, tu te souviendras d’un détail important : tu possèdes un bébé en bas âge.

Mon épouse vient de me demander : Peux-tu changer le bébé ? Pourtant, je trouve celui-ci très joli, comment le lui dire ?
Je crois que plus personne ne fait cette blague depuis 1839.

Cela fait maintenant seize heures consécutives que l’enfant de mes voisins pleure. Le mien se laissera-t-il aller à des comportements similaires ?
Bien sûr ! Mais quand ce sera le tien, tu ne penseras pas “J’aimerais bien l’éviscérer, qu’il sache pourquoi il pleure”, mais “Qu’il est mignon, le cher petit ange !!! et il le sera encore plus quand je l’aurai éviscéré, qu’il sache pourquoi il pleure”

Ah d’accord. Est-ce que vous pensez que je peux changer le bébé, du coup ?
Contre un bébé chat, oui. C’est autorisé.

Connaissez-vous un excellent moyen de faire manger des légumes aux enfants ?
On a déjà eu cette conversation.

A l’heure du numérique, est-il bien normal qu’il faille plus de neuf mois pour la fabrication d’un enfant, ne faudrait-il pas songer à optimiser les processus afin de créer des synergies ?
Oui. Neuf mois, c’est le temps nécessaire pour annoncer le cher petit bonheur !!! à ta famille, aller chez Ikea, te faire lentement à l’idée et prendre vingt-cinq dernières cuites.

J’ai bien lu mon Laurence Pernod, surtout les images. Si j’ai bien tout compris, un enfant, ça pleure énormément, sauf quand ça voit des seins. Quelle différence avec un utilisateur du réseau social Twitter ?
L’enfant, lui, rira à tes blagues. Du moins pendant les six premières années de sa vie.

Est-ce que je verrai, c’est que du bonheur ?
Oui. Et un peu de vomi.

WiFi génie

November 10th, 2014

Jean-Olaf avait pris une décision importante. Une décision qui allait peut-être bien changer sa vie. Il allait se passer d’internet. Pendant toute une semaine. “Ca peut paraître fou, mais c’est comme ça”, lâcha-t-il lors de la conférence de presse qu’il avait organisée pour annoncer l’évènement, “le wifi de l’hôtel ne marche pas très bien au cinquième étage alors je me suis dit, pourquoi pas ? Ce sera l’occasion de questionner notre rapport à la société de l’information dans un quotidien surconnecté. Et puis les frais de roaming sont super élevés, en plus. Vous me direz si Federer gagne, hein, déconnez pas ?”

Aussitôt, les questions fusèrent : “Mais comment allez-vous faire si par exemple Slate publie un article pour parler de l’article du Huffington Post France, qui est une traduction de l’article américain qui cite fortement une étude citée par le Daily Mail online affirmant que les gens qui possèdent des chats sont plus doués en hula hoop que les trompettistes ? Ou si, par exemple, le hashtag #remplaceletitredunfilmpardessaucissesapéritives devient très populaire ?”

Jean-Olaf tressaillit à cette évocation. Il y a trois ans, lors du célèbre Robert Merlu gate, il s’était fait l’auteur de plusieurs blagues désopilantes, dont l’une avait été reprise dans l’article de 20 minutes “Robert Merlu – les internautes se déchaînent”, ce qui lui avait valu sept nouveaux followers. Pouvait-il se permettre d’être absent si un tel événement se reproduisait ? Mais il devait être fort. Il ne pouvait pas craquer. Pas maintenant.

Le temps passait. Lentement. Si lentement. Jean-Olaf s’ennuyait comme rarement il s’était ennuyé. Il avait du mal à croire qu’au temps de sa folle jeunesse, lui et tant d’autres avaient réussi à surmonter des épreuves telles que attendre que le feu passe au vert, attendre que le serveur passe prendre la commande, attendre que le serveur amène l’addition, aller aux toilettes sans internet ou écouter une phrase de plus de dix-sept syllabes sans téléphone portable connecté. Que faisaient-ils de tout ce temps ? Rien. Pas étonnant qu’ils aient été si bizarres.

Mais Jean-Olaf essayait de faire contre mauvaise fortune bon coeur. Il doit bien y avoir des aspects positifs. Tout ce temps, je peux le passer à méditer sur le sens de la vie, se disait-il. Tiens, cet oiseau à la grise robe, son vol n’est-il pas majestueux ? Si seulement je pouvais aller sur wikipedia pour tout connaître de ses habitudes alimentaires et sociologiques !

Déjà vingt minutes. Cela commençait à devenir plus facile. Il n’avait plus cherché son téléphone dans sa poche depuis quatorze secondes. Il sentait qu’il commençait à se détacher. Son esprit était déjà plus libre, plus serein, comme un oiseau à la grise robe.

Il redécouvrit le plaisir simple de lire le journal. C’était étonnant. Ainsi, une personnalité était décédée la veille. Il ne la connaissait pas. Un acteur, semble-t-il, qui avait joué dans plusieurs films. Hé bien le journaliste ne disait pas “Incroyable, il va tellement nous manquer !!!” et ne faisait aucun jeu de mot. Quel manque de professionalisme. Il sauta les pages politique et économie : personne ne s’insultait dans les commentaires, c’était bien la preuve que le sujet n’était pas si intéressant. Il posa sur une chaise le journal du matin et commanda un café en riant. Toute cette histoire commençait à lui peser sur les nerfs.

Heureusement, il avait prévu dans l’après-midi une visite guidée à travers la ville, ses venelles étroites et chamarrées, ses façades bucoliques, ses monuments fiers témoins d’un passé révolu, ses chats alanguis. Il se réjouissait de pouvoir enfin flâner, simplement, s’imprégner de cette culture millénaire. C’était magnifique. Il prit 293 photos. Puis il héla des passants : “Regardez, madame, j’ai pris des photos !” “Oui, bon, moi j’ai mon bus à prendre.” “Non, pardon, vous ne comprenez pas. J’ai pris des photos, #igersmaubeuge #ruelleporn #crustacés #nofilter #…” “Oui bon si vous continuez j’appelle la police.”
Neuf minutes plus tard, personne n’avait liké le moindre de ses clichés. Quand il y repensait, il avait fait une blague (est-ce que je pourrais avoir du sel… de cheval !!!) à midi dans ce petit restaurant typique et personne ne l’avait retweetée. Et personne n’avait répondu à ses pokes. Il se sentait seul, si seul, abandonné de tous… Il s’assit sur le trottoir et pleura à chaudes larmes.

Un quidam, voyant son désarroi, entreprit de le réconforter. “Hé bien, monsieur, que vous arrive-t-il ?” “Je suis sans connexion fixe depuis… houla, plus de huit heures, je me sens vide, je me suis inexistant, je ne sais pas, je ne sais plus” “Ah, oui, je comprends, l’autre jour, le réseau est tombé en panne au bureau, j’ai été obligé de travailler plusieurs minutes d’affilée sans aucune distraction, ça a fait la une de tous les quotidiens, une horreur, je vais déposer plainte au conseil des droits de l’homme” “Fort bien mais d’ici là, peut-être pouvez-vous m’aider, me dresser la liste des onze derniers motifs d’indignation, par exemple ? J’aimerais pas que les gens me pensent insensible parce que j’en ai raté un, voyez” “Je vois, je vois, mais hélas, je les ai moi-même ratés car cinq nouveaux niveaux de Candy Crush viennent d’être débloqués.”

Pour se réconforter, Jean-Olaf tenta de penser que des tas de gens devaient être dans la même situation que lui, parce qu’ils étaient trop vieux et n’y comprenaient rien à tous ces internets, parce qu’ils vivaient dans des pays où, hélas, les infrastructures numériques laissent à désirer, ou alors parce qu’ils passaient le week-end au chalet. Des gens qui ignoraient tout du top 10 des chatons qui ressemblent à des chevaux, qui n’avaient jamais lu le courrier du coeur de Slate et pensaient naïvement que cette rubrique existait depuis toujours dans des magazines pour adolescentes, voire qui, ignorant tout de la vraie et unique recette des pâtes à la carbonara, les cuisinaient comme bon leur semblait sans se douter du drame terrible qui se tramait dans leurs assiettes en porcelaine véritable. Il fondit en larmes.

Jean-Olaf avait pris une décision importante. “Lol, vous y aviez cru ? Une semaine sans internet ? Lol c’était trop un fake, les nuls”, lâcha-t-il lors de la conférence de presse qu’il avait organisée pour annoncer l’évènement.

Tonnerre de Brest

November 6th, 2014

Vous le savez peut-être : le batteur du groupe AC/DC Phil Rudd est accusé d’avoir embauché un tueur à gages. Pour le groupe, le coup est rude (lol)(ça fait un jeu de mots avec Rudd). Mais c’est aussi l’occasion de nous pencher, avant qu’il ne soit trop tard, sur la carrière du groupe australien. Vous êtes-vous jamais demandé : “ouais ok, sympa, ce petit solo de guitare plus long que trois albums de punk, mais pendant les moments où Angus se repose les doigts, qu’est-ce qu’il miaule, au juste, le chanteur ?


Une vache de la marque Angus-Aberdeen, pour égayer un peu le propos

Hé bien, je ne vous cache pas que c’est très décevant. Jadis, je croyais que les paroles des chansons d’AC/DC étaient sulfureuses. En réalité, ils s’intéressent avant tout au déjà vieux thème de l’électricité.

AC/DC – Thunderstruck

I was caught
In the middle of a railroad track. (Thunder)

Je fus pris au milieu d’une voie ferrée (tonnerre)
Ne faites pas ça chez vous, les enfants, c’est dangereux. Tonnerre.

I looked round
And I knew there was no turning back (Thunder)

J’ai regardé autour de moi, et j’ai su qu’il n’y avait pas de point de retour. Tonnerre.
Le narrateur se trouve donc sur une voie de chemin de fer, sous un orage. Ou à Tonnerre, dans l’Yonne, ce qui est encore plus inquiétant.

My mind raced
And I thought what could I do (Thunder)

Mon esprit a couru et j’ai pensé que faire ? (Tonnerre)
File vite te mettre à l’abri, ou tu vas te faire rincer très fort !

And I knew
There was no help, no help from you (Thunder)

Et j’ai su que tu ne m’aiderais pas (Tonnerre)
Non mais c’est pas que je veux pas t’aider, hein, je veux bien te prêter un petit coin de parapluie, c’est juste que tu en fais pas un peu trop ? C’est un orage, c’est tout, ça arrive.

Sound of the drums
Beatin’ in my heart
The thunder of guns
Tore me apart
You’ve been – thunderstruck

Le son des batteries, battant dans mon coeur. Le tonnerre des pistolets m’a anéanti- Tu as été Coup de tonnerre.
Je sais pas si tu viens d’un de ces pays imbéciles où jamais il ne pleut ou quoi, mais franchement, tu en fais un peu beaucoup.

Went down the highway
Broke the limit, we hit the town

Descendu l’autoroute, dépassé la limite, nous nous sommes rendus en ville pour nous amuser
Effrayé, le narrateur se rend avec quelques amis en voiture et en ville : en effet, il ne faut pas se réfugier sous un arbre pendant un orage et où trouve-t-on peu d’arbres ? En ville, bien entendu (les statistiques le prouvent). C’est une attitude prudente même si, tout à sa panique, il roule un peu vite alors que vitesse + pluie = danger, respectez la vie des hommes en jaune !

Went through to Texas, yeah Texas

Nous sommes passés par le Texas. Ouais ! Texas.
Les régions arides sont en effet idéales pour s’abriter de l’orage.

And we had some fun

Et nous avons eu du plaisir
Ah ! C’est une bonne nouvelle.

We met some girls

Nous avons rencontré des filles
Héhéhé. J’espère que vous avez pris vos précautions et que vous ne leur avez pas parlé de votre petite phobie, tout le monde sait que les filles n’aiment pas les garçons qui ont peur de l’orage.

Some dancers who gave a good time

Des danseuses qui nous ont donné du bon temps
Ah, ça, rien de tel qu’une valse ou un Charleston pour se remettre de ses émotions !

Broke all the rules, played all the fools

Violé toutes les règles, fait toutes sortes de sottises
Attention, tout de même, ces filles me semblent être de mauvaises fréquentations.

Yeah, yeah, they, they, they blew our minds

Ouais ouais ouais, elles elles nous ont fait perdre la tête !
Il faut bien que jeunesse se fasse !!!

I was shakin’ at the knees

Mes genoux s’entrechoquaient
Ce jeune homme me semble tout de même bien émotif.

Could I come again please?

Puis-je revenir, je vous prie ?
C’est important, la politesse.

Yeah the ladies were too kind

Ouais, les filles étaient trop gentilles
Important et souvent récompensé.

You’ve been – thunderstruck, thunderstruck
Yeah yeah yeah, thunderstruck

Oh, thunderstruck, yeah

Now we’re shaking at the knees
Could I come again please?

Thunderstruck, thunderstruck
Yeah yeah yeah, thunderstruck
Thunderstruck, yeah, yeah, yeah

Tu as été coup de tonnerre, coup de tonnerre
Ouais ouais ouais, coup de tonnerre
Oh, coup de tonnerre, ouais
Maintenant, nos genoux s’entrchoquent
Puis-je revenir, je vous prie ?
Coup de tonnerre, coup de tonnerre
Ouais ouais ouais, coup de tonnerre
Coup de tonnerre, ouais ouais ouais

Ouais

Said yeah, it’s alright
We’re doing fine
Yeah, it’s alright
We’re doing fine
(So fine)

Thunderstruck, yeah, yeah, yeah,
Thunderstruck, thunderstruck, thunderstruck
Whoa baby, baby, thunderstruck
You’ve been thunderstruck, thunderstruck
Thunderstruck, thunderstruck
You’ve been thunderstruck

J’ai dit ouais, tout va bien
Nous allons bien
Ouais, tout va bien
Nous allons bien
(Si bien)
Coup de tonnerre, ouais ouais ouais
Coup de tonnerre, coup de tonnerre, coup de tonnerre
Hou bébé, bébé, coup de tonnerre
Tu as été coup de tonnerre, coup de tonnerre,
Coup de tonnerre, coup de tonnerre
Tu as été coup de tonnerre

Inutile de vous dire que c’est une belle chanson porteuse d’espoir, et à la fois très poétique, puisque un joli coup de foudre peut faire oublier un vilain coup de tonnerre !
Et aussi, c’est une belle chanson porteuse d’espoir : jadis, on imaginait que tous les hard rockeurs étaient des gros durs qui maltraitaient des poussins innocents et louaient Satan (car ils n’avaient pas les moyens de l’acheter, lol) et on découvre finalement qu’il s’agissait de garçons craintifs et timides.

#pornfood

October 7th, 2014

En ce temps-là, il se produisit une curieuse inversion.

Pendant un temps, manger devint la principale préoccupation des gens, il fallait qu’ils prennent en photo leur kimchi de sucrine stroganoff, leurs röstis dauphinois revisités, leur variation sur le thème du jambon, il fallait qu’ils en parlent, tout le temps. Mais cela n’allait pas durer. Jaloux de leurs amis, ils commencèrent à s’inventer des allergies de plus en plus sophistiquées. Ils couplaient cela à des régimes de plus en plus drastiques : sans viande, sans lipides, sans aliments cuits, sans faïence. Il devint de plus en plus complexe de cuisiner sans offenser l’un et mettre en danger l’autre, si bien que tous les plats cuisinés portaient désormais la mention “attention, peut contenir des traces d’aliments”

Petit à petit, manger cessa d’être un plaisir pour devenir quelque chose d’honteux qu’on ne pratiquait que chez soi, à la lueur d’une bougie, tous volets éteints.

Dans le même temps, la sexualité devint soudain quelque chose de parfaitement naturel. La première émission de télé-réalité ou l’on voyait des experts assister des couples en mal de libido avec force démonstration et moult explication fit bien un scandale le jour où une participante hurla en prime time “Oh oui, chantourne-moi toute”, mais cela ne dura qu’un temps. Petit à petit, cela se banalisa parfaitement.

Pour tous ceux qui vécurent cette période, ce fut un peu déroutant, au début, mais on s’habitue à tout. Les restaurants fermaient les uns après les autres pour être remplacés par des boîtes échangistes – et les gens disaient “oh, à midi, ça me gêne pas d’y aller seul mais le soir… ça fait un peu pathétique, non ?” On disait “Tiens, ça fait longtemps qu’on a pas vu les Müller, on pourrait leur proposer une petite partouze samedi en 8 ? Mais après, on leur dit qu’on est fatigués, hein ? Sinon ils vont encore vouloir faire des jeux de société…”
Dans le même temps, des jeunes hommes ricanaient en disant “Il paraît qu’elle, là, elle va souvent au resto hinhinhin c’est Didier il m’a dit qu’il avait mangé des sushis avec elle. Et même qu’elle a fini toute sa soupe miso, hinhinhin”, alors que des jeunes filles s’offusquaient, “il a voulu me faire à souper, le premier soir ! un risotto, en plus, genre je vais manger un risotto comme ça, tranquille. Il me prend pour qui, celui-là ? Je lui ai dit, non, on baise et après je pars, je ne suis pas celle que tu crois. Bon, n’empêche, il avait l’air pas mal, son risotto, mais je voudrais pas qu’il croie que…”, voire “je me suis endormi et quand je me suis réveillé, elle était en train de me préparer des côtelettes, tu crois que je devrais appeler la police ?”

Des petits clubs glauques ouvraient ça et là, où l’on pouvait sous le manteau manger un bortsch, une feijoada, un poulet yassa ou un tom kha ghai. Les gens disaient “non, non, jamais je mettrai les pieds dans ce genre d’endroit, payer pour de la nourriture, franchement, faut être malade”, mais pourtant, ces clubs étaient toujours plus nombreux. Malgré l’interdiction de la publicité, votée pour protéger l’innocence des enfants.

Mais tout passe, tout lasse et soudain, les jeunes de la génération f (on avait recommencé au début car les gens des noms de génération n’avaient toujours pas trop d’imagination) dirent “oh, non, baiser, y en a marre, on fait toujours ça, c’est ringard, tiens, si on se faisait une bouffe, plutôt ?”, si bien qu’il n’y eut pas de génération g et que le peuple furet put enfin prendre le contrôle de la planète terre.

Independenza

September 16th, 2014

Cette année-là, l’Ecosse décida de devenir indépendante. Cela donna des idées à la Catalogne, puis à la Vénétie, au Sud-Tyrol puis à la Bretagne, à l’Alsace, à la Bavière, à la Moravie, à la Transnistrie, au Texas, à la Galice, au pays Basque, au Québec, au Valais, à La Chaux-de-Fonds.
Les fabricants de drapeaux prospéraient comme jamais, les compositeurs d’hymnes nationaux faisaient des affaires juteuses, les douaniers revinrent en force, les cartographes avaient plus de travail que jamais. Mais ça ne leur servait pas à grand chose, les batteurs de monnaie n’arrivaient pas à suivre, et il était bien difficile de réussir à échanger ses batz piémontais contre des guinées carinthiennes. L’UEFA décida de faire passer le nombre d’équipes qualifiées pour les championnats d’Europe de football à 248, la présidence tournante de l’Europe des 943 revint à la Laponie orientale et je repris deux fois des nouilles, mais ça n’a rien à voir.

Et quand Jean-Pierre Bouchoires, de Melun, décida de devenir indépendant, l’Organisation des nations unies, qui était en train de bâtir en urgence de nouvelles salles dans un ancien hangar à bestiaux, déclara “Oui oh, bah, au point où on en est…”, ce qu’il fallut ensuite traduire en 9132 langues nationales, dont certaines n’avaient pas encore été finies d’inventer. Il y aurait officiellement dû y avoir quatre habitants dans la République vaguement démocratique populaire fédérale de Jean-Pierre Bouchoires mais, suite à une terrible guerre de sécession qui avait fait de nombreuses victimes parmi la population d’assiettes, sa femme était partie avec les gosses.

Jean-Pierre Bouchoires célébra immédiatement cette grande victoire de la démocratie par une grande fête nationale, au cours de laquelle il engloutit de grandes quantités du plat national, des pâtes au gruyère, accompagné de la boisson nationale, sa bière maison qu’il devait hélas brasser à l’étranger, à la cave. Hélas, il tomba aussitôt victime d’une intoxication alimentaire probablement ourdie par des agents anti-indépendantistes des pays voisins, et dût bien constater que le système médical local, un doliprane qui traînait dans son armoire à pharmacie, était quelque peu défaillant.

Mais il en fallait plus pour freiner l’enthousiasme nationaliste de Jean-Pierre Bouchoires. Il entreprit de s’attaquer au problème politique numéro 1 qui rongait son jeune état : 100% de la population locale partait quotidiennement travailler dans le pays voisin, l’empire gâtinois, et y payait ses impôts, les plaques de la voiture, le keno et l’apéro aux copains. Hélas, il ne parvint pas à trouver d’accord durable avec le ministre des finances, qui était parti pêcher. Alors Jean-Pierre Bouchoires déclara à l’unanimité une semaine de congés officiels pour fêter l’indépendance encore un peu et se fit renvoyer. Comme le système social bochoirien était encore un peu vacillant, il se trouve fort dépourvu. Il décida alors de tenter de développer l’industrie nationale du collier de nouilles,mais il n’eut pas le temps car il devait disputer le championnat national de 100 mètres, qu’il remporta haut la main en 19 secondes 14, ce qui lui permit de se qualifier pour les Jeux olympiques de Montbéliard.

Et c’est à ce moment-là qu’il fut victime d’une terrible agression militaire de la Baronnie Libre Démocratique et Féodale des Voisins de Jean-Pierre Bouchoires, qui avait des visées sur ses importants gisements de chatons car Minouche, sa chatte, ministre d’état des animaux mignons, du développement touristique, de l’accès à la mer et de la défense, venait de mettre bas.

Après 19 jours d’un siège terrible que l’Histoire retiendra sous le nom de bataille du 4ème étage à gauche, il dut rendre les armes, qu’il avait empruntées à un ami.

Footoir

July 9th, 2014

Vous le savez peut-être, une importante compétition de football, la Coupe du Monde, se déroule actuellement au Brésil (pour les plus connectés d’entre vous, ce préambule semble superflu, tant il est vrai que les médias ont plusieurs fois commenté l’évènement ces derniers temps. Mais on oublie trop vite que tout le monde n’est pas égal devant l’accès aux médias ! Ainsi, footballeurs et fans de l’équipe de Suisse de football ont cru jusqu’au bout qu’il s’agissait du tournoi d’été du FC Bottens (compétition fun, sangria, animations avec DJ Didier)). Ce tournoi est organisé par la FIFA, la Fédération internationale de football association.

Vous le savez peut-être, la FIFA est une fédération association qui brasse beaucoup d’argent, à cause de toi, oui, toi, qui a regardé Japon – Côte d’Ivoire. Tellement d’argent qu’elle pourrait facilement racheter la France, la Grèce et des bières pour le match de ce soir.

Il est une question légitime, que tu t’es sans doute souvent posée :

Que se passerait-il si d’aventure, le monde devenait une fifocratie, si Sepp Blatter devenait Empereur en chef, Michel Platini Grand Commandeur et si les guerres de religion opposaient désormais Neymaristes, Messianiques et CR7iens* ?

A quoi ressemblerait un monde tombé sous la terrible férule de la FIFA ?

La simulation : en séance, Berthier présente soudain sa nouvelle idée, lancer une gamme de produits végétaliens sur le thème du steak tartare et de la fondue bourguignonne. Votre idée, donc. Celle dont vous lui avez parlé, la veille, sur l’oreiller, au terme de votre entraînement hebdomadaire de lancer d’oreiller. Outré par ce comportement, vous vous roulez par terre en vous tenant successivement le visage, puis la cheville. Cela ne change strictement rien à la décision finale du board, mais ça fait toujours plaisir.

La mauvaise foi : vous faites la queue au supermarché. Vous dépassez allègrement trois personnes puis, au moment où on vous le signale, vous feignez l’innocence avec beaucoup, il faut le dire, de talent théâtral. Puis vous vous roulez par terre en vous tenant successivement la cheville, puis le visage. Des gens en profitent pour vous redépasser, mais vous gagnez un engagement sur le prochain Tarantino.

La corruption, fléau du football moderne alors qu’elle n’existe pas dans la société non-fotbalistique, serait partout.

La joie : chacun de vos accomplissements importants, premier baiser, première cuite, premier boulot, premier divorce, premier enterrement, premier shampooing, est accompagné de démonstrations exubérantes de joie, voire de chorégraphies plus ou moins improvisées, et vos amis, vos collègues, en profitent pour vous sauter dessus et toucher vos parties génitales. Puis une horde de fans se jettent sur la voiture la plus proche pour aller klaxonner. Cela occasionne d’importants bouchons et il faut construire de nouvelles rues. Les ouvriers du bâtiment, à qui cela assure 103 ans de boulot, improvisent une chorégraphie puis prennent leurs automobiles pour aller klaxonner.

En revanche, chacune de vos erreurs est aussitôt analysée et commentée par des gens qui n’y connaissent pas grand chose, mais qui à votre place auraient fait autrement.

Et bien sûr, les coiffeurs seraient tous miliardaires, ou en dépression nerveuse.

*(Avis aux âmes sensibles : il s’agit ici d’une ½uvre de fiction, évidemment, ne paniquez pas, dans la réalité, personne n’est vraiment fan de Cristiano Ronaldo)(ça se saurait)

Candides crushes

July 1st, 2014

Il était une fois, jadis, dans un lointain royaume, une princesse dont le père s’inquiétait : elle avait déjà 14 ans et demi et n’était toujours pas mariée. Pour remédier à ce scandaleux état de fait, il décida d’agir selon la coutume : il avisa un dragon de ses amis, l’enjoignit d’enlever la donzelle, si possible sans trop faire de marques, histoire que les preux chevaliers puissent rivaliser d’audace pour sauver la damoiselle en détresse et ainsi gagner le droit de lui demander sa main, si tant est que le stupide sauropode ne l’ait point encore boulottée.

– Hé ouais mais moi je me fais buter à la fin ?, demanda le dragon.
– Ah ben c’est le risque. Mais on a toujours fait comme ça, dans la famille.
– Mais j’y gagne quoi, en échange ?
– Ah mais marre de cette génération qui ne pense qu’en termes de gains. Être le vecteur d’une belle histoire d’amour, ça ne te suffit pas, comme récompense ?
– Non.
– Ouais, je comprends. Ca se tient. Bon ben je vais me démerder autrement.
– Ok. Cool. T’as regardé le match, hier soir ?
– Non.

Il se mit alors en quête d’une nouvelle quête à proposer aux prétendants. Mais ce n’était pas facile, car les royaumes voisins avaient fait très fort, récemment, au point de vue princesse éplorée, il y avait eu cette sombre histoire de rapt par sept nains lubriques et trois ours machiavéliques, le coup de la petite sieste de cent ans, spectaculaire, malgré quelques effets secondaires inattendus (en cent ans, on avait eu le temps d’inventer le désherbant et c’était le jardinier du château qui avait preumsé, il avait subtilement fallu lui expliquer les protocoles royaux à coup de massue). Désespéré, il demanda alors conseil à son épouse.

– Ben, je sais pas, demande à ta fille ce qu’elle en pense.
– Ahaha excellent. Non mais arrête de déconner, je pose une vraie question, là.
– Ah je sais ! On pourrait lui faire porter une chaussure !
– C’est un peu nul, non ?
– Mais ce serait une chaussure de verre !
– De verre ou de vair ?
– De verre.
– Nul.
– De vair alors.
– Nul.
– Bon ben démerde toi, je sais pas, moi j’ai mes amants à aller voir.
– Mais on les avait pas tous fait ébouillanter ?
– Oui, et ?

Désespéré, le roi demanda conseil à son fidèle conseiller.
– Vous avez pensé aux mariages arrangés ?
– C’est avec des épices et de la vanille ?
– Non, ça, c’est le rhum arrangé. Le mariage arrangé c’est, par exemple, on se dit ce serait super pratique de marier la petite avec le comte de Suède, comme ça on peut récupérer Zlatan pour la prochaine coupe du monde.
– Zlatan ?
– Un Suédois connu.
– Il va épouser ma fille ?
– Non.
– Rien compris. Je crois que je vais devoir changer de conseiller.
– Vous allez me jeter au dragon ?
– C’est la tradition.
– Vous ajouterez des épices et de la vanille ?

Désespéré, le roi demanda conseil au prince qu’on sort pour les grandes occasions, mais pas trop souvent sinon il s’enrhume.
– Dis, ta frangine, là.
– J’ai ça, moi ?
– Oui. Tu sais. C’est une fille, elle vit au château.
– Ah oui, ça me dit quelque chose.
– Elle est en âge de se marier.
– Ah, oui, je vois où tu veux en venir. J’accepte.
– Mais non. Pas du tout. Je voulais savoir comment lui trouver un prétendant digne de ce nom.
– Ah ouais, je vois le genre, mythique.
– Oui, voilà, je comptais mettre sur pied une quête mythique.
– Non, Mythique, le site de rencontres pour le gotha et le gratin.
– Ah, tu crois que ça pourrait marcher ?
– Non, c’est complètement old, même les cas désespérés n’y vont plus.
– Ça alors.
– Bon, alors, elle est où cette fille que je dois épouser ?
– Mais non. Pas du tout.

Alors qu’il était à ça de sombrer dans le désespoir le plus sombre, le roi croisa un marabout qui distribuait des papillons devant la station de chevaux. Ils promettaient chance au jeu, désenvoûtement, retour de l’être aimé, récoltes abondantes et potage avant de s’envoler dans un châtoiement d’ailes.

– Bon, au point où j’en suis…
– Oui, c’est ce qu’ils disent tous. Alors, que puis-je faire pour vous, mon brave ?
– J’ai une fille à marier.
– Ah, je vois ce que c’est. Très bien, j’accepte.
– Ah mais non, pas du tout. Je voudrais lui trouver un mari, mais pas un… enfin pas comme vous, vous voyez ?
– Vous dites ça parce que je suis Suisse allemand ?
– Non, parce que vous êtes marabout.
– L’animal ou la profession ?
– La profession. Ma fille est princesse, elle doit épouser un prince, c’est la tradition, sinon que vont penser les voisins ?
– Vous voudriez donc trouver un prince ?
– Oui mais en cette saison…
– Ecoutez, laissez moi seul avec elle une heure, et je la désenvoûte selon une vieille recette que l’on ne se transmet que de marabout en marabout.
– Ce serait pas une métaphore sexuelle ?
– Vous dites ça parce que je suis Suisse allemand ?
– Bon, laissez-moi votre prospectus, je vous rappellerai.

Le roi, qui ne savait plus quoi faire, décida, en dernière extrêmité, de demander son avis à sa fille la princesse.
– Tu vois, ta mère et moi, on s’inquiète pour toi…
– Trop relou.
– Moi je comprends que tu ne sois pas pressée, à ton âge, je pensais bien plus à guerroyer contre les Suisses allemands qu’à me marier, lol, mais que vont dire les voisins ?
– Je sais pas, on a des voisins ?
– Non mais enfin, c’est le principe.
– Bon, où sont ces Suisses allemands que je dois guerroyer ?
– Ah non, il y a là une méprise. Tu dois juste te marier.
– Ah ? Mais avec qui je veux ?
– Ah ben non, on n’est pas chez les sauvages ici !
– Parce qu’il y a un nouveau ménestrel, il est trop beau… Et il chante trop bien…
– Oh, la beauté, la chanson, ça ne dure qu’un temps.
– Bon mais je dois faire quoi ?
– Idéalement, te faire enlever, comme ça celui qui te sauve…
– C’est pas un peu old, ça ?
– Ce sont dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures soupes.
– J’aime pas la soupe.
– C’est une métaphore.
– En plus, les vieilles marmites, ça attache à mort.

Mais la princesse était raisonnable. Elle orchestra son rapt de manière à être séquestrée dans une pièce où il y aurait la télé et une playstation, faut pas déconner. Puis elle s’arrangea pour que ceux qui de quatre coins du royaume viendraient la sauver doivent répondre à des énigmes trop dures, histoires de pas tomber sur un prince trop con, puis doivent affronter à mains nues une licorne, parce que ça fait toujours prestigieux.

Seize ans plus tard, Akim, le fils du forgeron, arriva en tête avec plusieurs longueurs d’avance sur son premier poursuivant, le prince du Luxembourg et de la Chaux-de-Fonds, qui avait été ralenti sur crevaison.

– Ça y est, j’ai gagné, j’ai gagné, j’ai gagné, j’ai gagné !, dit-il, car il avait gagné.
Au loin, des hordes de forgerons montèrent sur leurs grands chevaux et se mirent à klaxonner dans leurs cornes de brume pour célébrer la victoire.
– Oui, tu as gagné, répondit la princesse, car il avait gagné. En son fort, elle était bien heureuse car cette splendide victoire, qui ne souffre d’aucune discussion tant il est vrai qu’Akim avait dominé cette compétition de la tête et des épaules même si un sauvetage de princesse n’est jamais gagné avant le coup de dragon final, allait bien ennuyer le roi son père. Malgré ses trente ans, en effet, elle adolesçait toujours, mais bon, va rester enfermée dans une tour sans que ça ait de conséquences, aussi.
– Cool. Alors maintenant, je deviens une princesse ?
– Quoi ? Non. Tu montes sur le podium, je te fais un bisou sur la joue et après on se marie et je prends des amants, selon la tradition.
– Oh mais j’ai rien compris, lol.
– Tu voulais devenir une princesse ?
– Ben oui, sinon j’aurais pas coupé la tête d’un dragon innocent.
– Bon ben du coup c’est moi qui te sauve ?
– Ouais, ok.
– Mais du coup, il faudrait que tu sois en danger.
– D’accord, je vais aller poster une photo du dragon sur un forum vegan.

Mais pendant ce temps, la royauté avait été abolie. La princesse, qui, malgré tout, s’était habituée à être traitée comme une princesse, tomba en dépression. Akim, le fils du forgeron, qui était enfin devenu une princesse, tomba en dépression. Le roi, à qui on avait coupé la tête avant de la planter sur une pique, tomba en dépression. Le marabout, qui avait gagné gros au jeu, tomba en cheval.

Après divers traitements psychologiques, plusieurs chutes dans la drogue, un mariage avec un poissonnier, un disque de rock’n’roll et un record du monde de cracher de noyaux de cerises, la princesse qui n’était plus une princesse mais quand même un peu parce qu’il faut bien remplir les pages des magazines décida de tout plaquer pour aller vivre dans une communauté dans le Vercors, elle vécut heureuse et eut beaucoup d’enfants, sans jamais toutefois savoir s’ils étaient vraiment d’elle. C’est ballot.

J’ai compris tous les mots et la chair est triste hélas

June 27th, 2014

Les blogs nous permettent de nous poser en experts de sujets que nous ne maîtrisons pas, et c’est fort de cette force que je m’en vais vous expliquer aujourd’hui :

Comment devenir un écrivain

D’abord, il faut une idée. Ça n’a pas l’air important, comme ça, mais mine de rien, ça a une certaine importance.
Si tu n’as pas d’idée, tu peux raconter une histoire d’amour contrariée, quelqu’un qui plaque tout pour partir à l’aventure ou l’invasion de la Terre par des limaces de sept mètre de long, des classiques qui marchent toujours.
Si tu as trop d’idées et que ça fait onze ans que tu te demandes avec laquelle commencer au juste, je sais pas, prends la première à gauche, ou tire au sort, je sais pas. Ou celle avec les limaces, tiens, je l’aimais bien.
Ensuite, il faut des rebondissements, sinon tu risques de te retrouver avec un roman de 0,7 Nothomb d’épaisseur – ce qui montre toutefois une certaine compréhension des rythmes de lecture contemporaine. Exemple : « Soudain, des limaces de sept mètres de long envahirent la Terre. Ça alors, dit John, qu’allons nous faire. Puis il leur jeta du seul. » c’est trop court pour un roman.
Ensuite, quelques personnages auxquels on peut s’identifier : un héros jeune et souriant, très riche, dont tous les personnages féminins tombent sauvagement amoureux, mais quand même, il a des fêlures à cause de son enfance,
un ami du héros un peu gros mais très drôle,
des personnages féminins intelligents et espiègles, on est en 2014, que diable,
des limaces géantes.
Mais ce sont des exemples, tu peux aussi opter pour un savant très intelligent mais avec le sens de l’humour et des fêlures.

Ensuite, des adjectifs. Beaucoup. C’est très important. C’est même plus important que l’histoire, en fait. Les bonnes histoires, laissons ça aux anglo-saxons, qui sont vulgaires. Ce qui fait la littérature, c’est le style, et ce qui fait le style, ce sont les adjectifs. C’est connu. Je t’ai fait une liste d’adjectifs, mais tu peux aussi en prendre d’autres. Amphigourique, alambiqué, pestilentiel, dodelinant, atrabilaire, superfétatoire, astringent, elliptique, scrofuleux, épithète, cacochyme et gélinatoire.

Ensuite, il faut écrire. C’est la phase un peu chiante dans le processus d’écriture.

Puis il faut te relire. C’est la phase du processus d’écriture ou tu te dis que finalement, tu aurais mieux fait d’aller à la pêche. La phase où, tous les seize adjectifs, tu as un petit rire nerveux, la phase où phrase après phrase tu te dis mais qui a écrit une merde pareille ? ah ben oui, c’est moi, lol.

Puis ensuite, il faut faire relire par d’autres. Puis les tuer dans leur sommeil avant qu’ils n’aient eu le temps de te dire ce qu’ils en pensaient.

Puis il faut tout effacer et recommencer autre chose.

J’espère que ça t’a bien aidé ! La semaine prochaine, nous apprendrons la tarte aux fraises.

Dans de beaux draps

June 20th, 2014

Alors que le monde retient son souffle en attendant un funeste Suisse-France, tentons, désespérément, de rapprocher les peuples. Car bien que voisines, France et Suisse ne se comprennent pas toujours, victimes qu’elles sont de l’incompréhension mutuelle.

C’est pourquoi j’ai décidé de vous expliquer l’une de nos coutumes locales traditionnelles, un élément indispensable pour bien saisir l’essence de la suissitude : la buanderie.

La buanderie et son fidèle corollaire : le jour de lessive.

Car voyez-vous, les caves des immeubles helvétiques sont généralement équipées d’une machine à laver destinée à laver le linge sale de toutes les familles, même les Gomez du 7e, qui sont un peu, comment dire, spéciaux. La buanderie, terreau de multiples interactions sociales, lieu où se nouent et se dénouent les passions, parce que le Schindelholz du 7b il a encore dépassé son tour, moi je m’en fous, la prochaine fois, je sors tout comme ça, sans le plier, je laisse tout goger, tant pis pour lui, il me connaît pas, je suis trop un fou, sérieux. La buanderie, lieu de tant d’échanges sociaux, bonjour, dites, la prochaine fois, vous pourriez nettoyer le tumbler ?

A cause de cette tradition, le Suisse est condamné au jour de lessive, le mardi, pourquoi diable ils m’ont collé le mardi ? alors que le petit à son entraînement de poney artistique, mais ça ils s’en foutent, ils peuvent pas comprendre, eux. Condamné à répondre non, désolé, je ne pourrais pas passer ce soir, j’ai jour de lessive, tu sais ce que c’est, oui, je comprends, c’est ton mariage mais jour de lessive, t’inquiète, je viendrai au prochain. Pire encore. A cause de cette tradition, le Suisse est condamné à cet acte désespéré, qu’il redoute parmi toute chose, ce geste d’une violence extrême, cette incroyable audace : aller sonner chez son voisin. Pour lui demander si ce serait pas possible d’échanger vu que là, mardi, on a prévu de repeindre le chat, si en échange on peut faire quelque chose pour vous… non pas sortir votre chien, il fait peur. Non, pas sortir vos gosses, non plus, ils mordent. Non… bon ok, du sel, on veut bien, mais vous nous lée rendez, déjà la dernière fois il en manquait seize grammes. Au fait, on a retrouvé cette culotte dans le tumbler, c’est à vous ? parce que c’est pas à nous. Sur moi, ça fait un peu vulgaire, à cause des dentelles.

Voilà sans doute, pourquoi, ce soir même, sur le coup des 21 heures, les Suisses vont tellement hésiter à mouiller le maillot.